Soient des chemin de classe par morceaux dans d'image respectives et . On définit la chaîne comme la somme formelle et on pose pour toute fonction continue sur
Si chacun des est fermé, on dit que est un cycle.
Notons qu'une chaîne peut être représentée de plusieurs manières comme somme de chemins :
Si est un cycle et si , on définit l'indice de par rapport à par
Si dans la définition de on remplace chacun des chemins par le chemin opposé on obtient une nouvelle chaîne notée et on a pour toute fonction continue sur et en particulier .
De plus si et sont deux chaînes on définit de manière naturelle par
Nous sommes maintenant en mesure d'énoncer le Théorème de Cauchy sous sa forme globale :
Nous allons donner les grandes lignes de la démonstration. Nous n'utiliserons pas la théorie des intégrales dépendant d'un paramètre holomorphe étudiée dans la section 1.3 et qui s'appuyait sur les inégalités de Cauchy, nous démontrerons les résultats liés à cette théorie si nécessaire en utilisant le théorème de Morera.
Démonstration : La fonction définie sur par
De plus .
Notons . On pose
Comme contient , on définit une fonction holomorphe sur en posant
D'après les propriétés de l'indice, contient la composante connexe non bornée du complémentaire de , donc et en appliquant le Théorème de Liouville à on obtient pour tout , d'où et (i) est démontré.
On déduit (ii) de (i) de la manière suivante : choisissons et posons , alors
Finalement pour prouver (iii), il suffit d'appliquer (ii) au cycle .
Exemple.
1- Soit un ouvert convexe ou étoilé, un chemin fermé de classe par morceaux dans et . La fonction est holomorphe dans et d'après le Théorème de Cauchy pour un ouvert convexe ou étoilé . L'hypothèse du Théorème 21 est donc satisfaite pour tout cycle lorsque est convexe ou étoilé.
2- Un compact de d'intérieur non vide et tel que est un compact à bord si sa frontière est formée par les images d'un nombre fini de chemins , chaque étant un chemin fermé de classe par morceaux sans point stationnaire (i.e. pour tout en lequel est dérivable ) et sans point double (i.e. si vérifie alors ) et les images des étant deux à deux disjointes. L'orientation des chemins , , de telle sorte que lorsque l'on se déplace sur dans le sens de l'orientation le compact se situe à gauche de .
Le bord orienté d'un compact à bord est un cycle tel que si et si . Si désignent les composantes connexes de , le cycle s'écrit , où les chemins désignent respectivement les bords des composantes connexes . On suppose que désigne la composante connexe non bornée de . Si , pour tout . Si ,
si |
Soit une suite de nompbres complexes indexée par .
Le série entière converge dans un disque de rayon , . La série
Si , la série de fonctions converge absolument dans la couronne et normalement sur tout compact de cette couronne. Cette série de fonction s'appelle la série de Laurent associée à la suite .
Démonstration : Soient , et des réels tels que et une fonction holomorphe dans la couronne . Si , on considère la couronne compacte , c'est un compact à bord dont le cycle constitué par son bord est noté . Pour tout , on a
En reprenant la démonstration du Théorème d'analyticité des fonctions holomorphes, on montre que la première intégrale a pour valeur avec
Pour la seconde intégrale, on remarque que si , on a . On peut donc écrire
Pour calculer et on peut remplacer les chemins et par n'importe quel cercle de centre et de rayon , , orienté dans le sens direct car si n'est pas contenu dans la couronne
Terminons en montrant l'unicité du développement de Laurent de . Soient et deux nombres réels tels que , supposons que pour tout tel que . Puisque les séries de Laurent convergent normalement sur tout compact de leur couronne de définition, on peut échanger l'intégrale et la sommation lors de l'intégration de la fonction sur le cercle de centre et de rayon r, . On obtient alors pour tout
Singularités isolées et développement de Laurent
Soient , et une fonction holomorphe dans le disque épointé . Elle possède un développement de Laurent si . Alors
(i) Si pour tout , est une singularité illusoire pour et se prolonge holomorpiquement au disque de centre et de rayon par la série .
(ii) S'il existe tel que et si , est un pôle d'ordre de et la partie principale de en est .
(iii) S'il existe une infinité d'indices strictement négatifs tels que , la fonction a une singularité essentielle en . On dit encore que est la partie principale de en .
Ces trois cas représentant l'ensemble des possibilités et s'excluant mutuellement on a ainsi une caractérisation des singularités isolées d'une fonction holomorphe en fonction de son développement de Laurent.
De plus le coefficient du développement de Laurent de sur s'appelle le résidu de en .
Soient les points singuliers de contenus dans . Pour , un disque fermé de centre et de rayon assez petit pour que soit contenu dans et si . Soit le cercle orienté dans le sens direct bord de . Posons , est un compact à bord dont le bord orienté est représenté par le cycle .
On peut appliquer le (ii) du Théorème 21 à la fonction et au cycle . On obtient
Le théorème de l'indice pour les fonctions méromorphes et le théorème de Rouché s'étendent également aux compacts à bord. On compte alors les zéros et les pôles contenu à l'intérieur du compact.