Soient et . On note
Si la fonction se prolonge en une fonction holomorphe sur (le prolongement est alors unique par le principe du prolongement analytique), on dit que la singularité de en est illusoire ou éliminable ou encore que est une fausse singularité ou un point régulier de .
Puisque est holomorphe sur et bornée au voisinage de , la fonction est holomorphe sur et continue sur donc holomorphe sur . Mais si est assez petit pour que , est développable en série entière sur
(i) La fonction a une singularité illusoire en .
(ii) Il existe un entier , un réel tel que et une fonction holomorphe sur le disque vérifiant et pour tout . On dit alors que a un pôle d'ordre en .
(iii) Pour tout tel que , l'ensemble est dense dans . On dit alors que a une singularité essentielle en .
Si , a une fausse singularité en et (i) est vérifiée.
Si , notons la multiplicité du zéro de . Il existe alors une fonction holomorphe sur vérifiant et telle que
Fonctions méromorphes
Soient un ouvert connexe de et et deux fonctions holomorphes sur non identiquement nulles. D'après le principe des zéros isolés, l'ensemble des zéros de est une partie localement finie de . Considérons la fonction , elle est holomorphe sur . Soient et la multiplicité du zéro de . Au voisinage de on a
Si , alors est un pôle de . Si , on peut écrire avec et holomorphe sur telle que puisque n'est pas identiquement nulle. Ainsi , où est une fonction holomorphe au voisinage de . Si , a une singularité illusoire en et si , est un pôle d'ordre de . Dans tous les cas est une fonction méromorphe sur .
Remarque. En fait si est connexe, on peut prouver que toute fonction méromorphe sur s'écrit avec et holomorphes dans et non identiquement nulle sur .
Propriétés. Si est un ouvert de , la réunion de deux parties localement finies de est encore une partie localement finie. On en déduit que la somme et le produit de deux fonction méromorphes dans est encore une fonction méromorphe dans et que a une structure naturelle de -algèbre unitaire.
(i) La dérivée de est méromorphe sur et et ont les mêmes pôles. Si est un pôle d'ordre de , c'est un pôle d'ordre de .
(ii) Supposons connexe et non identiquement nulle sur . La fonction est méromorphe sur et les pôles de sont simples.
Théorème des résidus
Démonstration : Puisque si , car dans ce cas possède une primitive dans , on a
De même si est un pôle d'ordre de , il existe alors une fonction holomorphe au voisinage de telle que et et
Le Théorème des résidus appliqué à la fonction donne alors le résultat puisque les zéros et les pôles de ont été comptés avec leur ordre de multiplicité. Remarque. On peut se passer de l'hypothèse de finitude sur l'ensemble des zéros et des pôles de , car on peut s'y ramener facilement. En effet l'image de est un compact de donc il existe et tels que . Alors et étant un ouvert relativement compact de , ne possède qu'un nombre fini de zéros et de pôles dans . De plus si , on a car appartient alors à la composante connexe non bornée de car est étoilé.
Le Théorème de l'indice permet d'obtenir de nouveaux résultats sur les suites de fonctions holomorphes.
(i) Si les fonctions ne s'annulent pas sur alors soit est identiquement nulle sur , soit ne s'annule pas sur .
(ii) Si les fonctions sont injectives sur alors soit est constante sur , soit est injective sur .
Montrons (i). Supposons que est n'est pas identiquement nulle et que est un zéro de . D'après le principe des zéros isolés il existe tel que et , si . Soit le cercle de centre et de rayon parcouru dans le sens direct. D'après le Théorème de l'indice, il existe tel que et pour tout car les ne s'annulent pas dans .
Comme si , il existe tel que si , soit encore si . De plus d'après le Théorème de Weierstraß, la suite converge uniformément sur tout compact de , en particulier sur le cercle de centre et de rayon , image de , donc la suite converge uniformément vers sur le cercle de centre et de rayon .
Par conséquent
Prouvons (ii) maintenant. Supposons que n'est pas constante et qu'il existe des points et de tels que . Soient et des disque ouverts de centre respectif et , contenus dans et disjoints. Puisque n'est pas identiquement nulle sur , car n'est pas constante, il résulte de (i) qu'il existe une suite extraite de la suite telle que ait un zéro dans pour tout . De même une nouvelle extraction donne l'existence d'une suite extraite de la suite telle que ait un zéro dans pour tout . Comme et sont disjoints, les fonctions ne sont donc pas injectives puisque , ce qui contredit l'hypothèse.
(i) la fonction (resp. ) n'a qu'un nombre fini (resp. ) de zéros dans comptés avec leur ordre de multiplicité,
(ii) pour tout , on a ,
alors .
Prouvons tout d'abord le lemme suivant :
Posons , alors . L'hypothèse implique pour tout et donc l'image de est contenue dans le disque de centre et de rayon . Par conséquent 0 appartient à la composante connexe non bornée de et donc , d'où
Démonstration : [du Théorème de Rouché] L'hypothèse implique que si , et et que si on a
Nous en déduisons facilement le corollaire suivant :
Comme application de ce corollaire nous pouvons donner une nouvelle démonstration du Théorème de d'Alembert.
Soit , un polynôme de degré . On pose et . Puisque est polynôme de degré , il existe tel que pour on ait . Par conséquent et ne s'annulent pas pour et d'après le corollaire 10 et ont le même nombre de zéros dans le disque de centre 0 et de rayon , soit . Le polynôme possède donc exactement racines dans .
Étude locale des applications holomorphes
Dans cette partie nous allons préciser grâce au Théorème de l'indice les propriétés locales des fonctions holomorphes que nous avons déjà démontrées comme le Théorème de l'application ouverte et le Théorème d'inversion locale.
Comme les zéros de et de sont isolés, il existe tel que le disque fermé de centre et de rayon soit contenu dans le domaine de définition de et tel que et pour tout . Soit le cercle de centre et de rayon orienté dans le sens direct. D'après le Théorème de l'indice on a
Puisque l'indice est constant sur la composante connexe de qui contient , on a pour tout . D'après le Théorème de l'indice, l'équation
Remarque.
Terminons en donnant une démonstration directe (sans passer par le calcul différentiel) du Théorème d'inversion locale pour les fonctions holomorphes.
Grâce au Théorème de l'indice, sous les hypothèses du Théorème 19, on peut expliciter l'application inverse locale de à l'aide d'une formule intégrale.
Formule d'inversion locale. Considérons et les voisinages de et de du Théorème 19 et supposons que (i.e. ). D'après le Théorème de l'indice, la solution de l'équation , pour est donnée par
Plus généralement, pour toute fonction holomorphe sur , on a
La formule intégrale donnant permet également de prouver directement que est holomorphe sur .