Propriétés élémentaires des fonctions
holomorphes
Nous décrivons ici les propriétés des fonctions holomorphes qui sont
des conséquences directes de la formule de Cauchy pour les disques.
Inégalités de Cauchy
Le théorème suivant montre que, si est une fonction holomorphe,
toutes les dérivées de en un point sont contrôlées par les
valeurs de au voisinage de ce point.
Démonstration : D'après le Corollaire 1, la fonction étant holomorphe
dans le disque , elle est développable en série entière dans
ce disque et on a pour tout tel que ,
Si on pose
, on a alors pour
Démonstration : Puisque est holomorphe dans
, il résulte du Corollaire
1 que est développable en série entière, soit
pour tout
. De plus il
existe tel que
pour tout
, puisque
est bornée. Les inégalités de Cauchy donnent alors
pour tout et tout
, ce qui implique
, si
.
Corollaire 4 (Théorème de d'Alembert)
Tout polynôme à coefficients complexes
non constant possède au moins une racine.
Démonstration : Raisonnons par l'absurde. Soit
un polynôme de degré
strictement supérieur à , supposons que n'admet pas de racine
dans
. La fonction
est alors entière et bornée
puisque
quand
, elle est donc
constante par le Théorème de Liouville, d'où la contradiction.
Suites et séries de fonctions
holomorphes
Nous allons voir comment les inégalités de Cauchy simplifient
l'étude des suites et séries de fonctions dans le cas des fonctions
holomorphes d'une variable complexe par rapport au cas des fonctions
de classe
d'une ou plusieurs variables réelles.
Rappels
1) Si une suite
de fonctions continues sur
converge uniformément sur tout compact de vers une fonction ,
alors la fonction est continue sur .
2) Soient un ouvert convexe de
,
une
suite d'applications de classe
de dans
et
un point de . Si la suite
converge et si
la suite
converge uniformément sur tout compact
de vers
, alors la suite
converge uniformément sur tout compact de vers
une application de classe
telle que .
Démonstration : Montrons tout d'abord la seconde assertion du théorème. Soit un
compact de et
si
et si
, alors pour tout le disque fermé
.
Soit
,
est une partie compacte de . Les inégalités de Cauchy
appliquées à la fonction impliquent que pour tout
Puisque la suite
converge uniformément sur , on en déduit que les suites
sont uniformément de Cauchy sur et par
conséquent convergent uniformément sur . Il suffit alors
d'appliquer à la suite
l'assertion 2) du rappel au
voisinage de chaque point de , car
.
Démonstration : L'assertion (i) résulte du Théorème 4 en considérant
la suite des sommes partielles de la série
.
Montrons l'assertion (ii). Soit un compact de et défini
comme dans la preuve du Théorème 4. Les inégalités de
Cauchy donnent alors
pour tout , soit
, ce
qui prouve (ii).
Intégrales dépendant d'un paramètre
Soient un intervalle de
, la mesure de Lebesgue
sur et un ouvert de
. On considère une fonction
définie sur et à valeurs dans
.
On suppose que, pour tout , l'application
est -intégrable. Soit alors la fonction définie sur
par
Remarque. L'existence de la fonction majorante est trivialement vérifiée
si est continue sur et si est compact (il suffit
alors de prendre pour une fonction constante, la fonction
étant bornée sur le compact ).
Démonstration : Montrons tout d'abord que
vérifie des
majorations analogues à celles vérifiées par . Le compact
de étant fixé, on considère le compact de défini par
où
si
et si
.
Les inégalités de Cauchy donnent
soit encore
|
(4) |
pour tout et tout .
Par ailleurs on a pour tout
la fonction
est donc -mesurable comme limite simple
d'une suite de fonctions -mesurables. Par récurrence sur
, on montre que
est
également -mesurable. La majoration (4) prouve
alors que
est
-intégrable, on peut donc considérer la fonction sur
définie par
Montrons maintenant que est holomorphe sur . Soit
fixé et tel que le disque fermé
soit contenu
dans . Posons
. Pour
tel que
on a
Si tend vers 0 en
restant non nul, la fonction
tend vers la fonction
. D'autre part
d'où
qui est une fonction -intégrable indépendante de ,
d'après(4). On déduit alors du théorème convergence
dominée de Lebesgue que
existe et que
. Une récurrence élémentaire termine la
démonstration du théorème.
Exemple :
On considère la fonction définie par l'intégrale
pour
.
Soient
et deux réels strictement positifs, sur
l'ensemble des
tels que
, la fonction
possède une fonction majorante
intégrable indépendante de car
La fonction est donc holomorphe dans le demi-plan
et dans ce demi-plan on a
Propriété de la moyenne et
principe du maximum
Remarque. Si possède la propriété de la moyenne, il en est de même de
et
.
Proposition 5
Si est holomorphe dans , a la propriété de la moyenne
dans .
Démonstration : Si désigne le cercle de centre et de rayon oriénté
dans le sens positif, la formule de Cauchy donne
Théorème 7
Une fonction définie et continue sur un ouvert de
, qui
possède la propriété de la moyenne, vérifie le principe du maximum.
Démonstration : Soit un maximum relatif de et tel que
pour tout
.
Si , le théorème est évident, en effet dans
.
Si
, quitte à multiplier par une constante
convenable (
par exemple) on peut supposer
que
. Pour tout , la propriété de la moyenne
s'écrit
d'où
En particulier en prenant la partie réelle
|
(5) |
Mais puisque est un maximum relatif de , la fonction continue
est positive ou nulle. La nullité de
(5) implique pour tout et tout que
Or
donc
et
pour tout et tout .
Corollaire 5
Si est un ouvert connexe et une fonction holomorphe non
constante sur , n'admet pas de maximum relatif dans .
Démonstration : Raisonnons par l'absurde, supposons que possède un maximum
relatif en . Puisque est holomorphe, elle satisfait la
propriété de la moyenne et d'après le Théorème 7 elle est
donc constante au voisinage de . L'analyticité de et la
connexité de impliquent alors que est constante, ce qui
contredit l'hypothèse.
Corollaire 6
Si est un ouvert connexe et une fonction holomorphe non
constante sur telle que admet un minimum local dans ,
alors ce minimum est nécessairement nul. En particulier s'annule
au moins une fois dans .
Démonstration : Soit un minimum local pour . Supposons que
, alors
est définie et holomorphe au
voisinage de et possède un maximum local en , donc
est constante d'après le principe du maximum (Corollaire
5, ce qui contredit l'hypothèse.
Nous donnons maintenant une formulation plus globale du principe du
maximum.
Proposition 6
Soit un domaine (i.e. ouvert connexe) borné de
et une
fonction continue sur
et holomorphe sur . Soit
, alors
pour
tout . De plus, s'il existe tel que ,
alors est constante sur .
Démonstration : Soit
, comme est continue sur
, qui est compact, cette borne supérieure est atteinte en au moins
un point de
. Si elle est atteint en un point , alors
est constante au voisinage de et donc constante sur l'ouvert
connexe par prolongement analytique. Sinon car la borne
supérieure est alors atteinte sur
et pour tout
on a
.
Démonstration : Dans la fonction coïncide avec sa série de Taylor en
0, i.e.
Or par hypothèse car et par conséquent la fonction
définie par
est holomorphe sur le disque .
Puisque , on a
si . Cette
inégalité est encore valable pour
, d'après la variante
du principe du maximum, par conséquent en faisant tendre vers
on a , soit
pour tout
.
De plus s'il existe
tel que alors ,
d'après la Proposition 6, la fonction est constante
égale à , où
et
pour tout
.
Terminons cette section en prouvant le théorème de l'application
ouverte pour les fonctions holomorphes à l'aide du principe du
maximum.
Démonstration : Soient un ouvert de et , nous devons prouver que
est un voisinage de .
Comme n'est pas constante, on peut trouver d'après le principe
des zéros isolés un disque ouvert centré en tel que
et ne s'annule pas sur
. Soit
tel que
sur
( un
tel
existe par compacité de
. On va montrer que
.
Fixons
et considérons la fonction de
dans
définie par
. La fonction
est continue donc la fonction atteint sa borne inférieure
sur le compact
. Par ailleurs
si
et
On en déduit que la borne inférieure de est atteinte en point
de . Comme n'est pas constante dans dans , puisque
ne l'est pas, la fonction
s'annule au moins une fois
dans d'après le Corollaire 6, ce qui signifie que .
© UJF Grenoble, 2011
Mentions légales