L'objet de cette section est de rappeler les propriétés basiques des espaces vectoriels topologiques, tout particulièrement lorsque la topologie est définie par une famille de semi-normes.
Soit un espace vectoriel sur
ou
, on dira qu'une
partie
de
est absorbante si pour tout
il
existe
tel que
lorsque
et
et on dira qu'elle est équilibrée si
pour tout
tel que
. Remarquons que si une partie
de
est absorbante
alors
.
Puisque par définition dans un evt les translations sont des
homéomorphismes, une topologie d'evt sur un espace vectoriel est
caractérisée par la donnée d'un système fondamental
de voisinages de 0 et pour chaque point
un système fondamental de voisinage
est alors donné par
.
Les propriétés de continuité des deux lois définissant la structure
algébrique d'espace vectoriel impliquent que l'ensemble
des
voisinages de 0 d'une topologie d'evt satisfait l'ensemble de
propiétes
suivant :
(i) Si
et si
alors
;
(ii) Si
alors
;
(iii) Si
, il existe
tel que
;
(iv) Si
et si
alors
;
(v) Si
,
est absorbant;
(vi)
possède un système fondamental de voisinages équilibrés.
En fait cet ensemble de propriétés caractérise une topologie d'evt sur un espace vectoriel comme l'indique la proposition suivante :
(1)
pour tout
et
;
(2)
pour tout
et tout
;
(3)
pour tout
.
On obtient une topologie d'evt sur un espace vectoriel muni d'une famille de semi-normes
en définissant un système fondamental de voisinages 0 en posant
Topologie de
Soit un ouvert de
, on note
le sous espace
vectoriel des applications continues de
dans
. Si
est
un compact de
et si
, on pose
On munit
de la topologie définie par la famille des
semi-normes
, où
décrit les parties compactes de
.
Un système fondamental de voisinages de 0 est alors fourni par les
ensembles
Si
est une suite exhaustive de parties compactes
de
, c'est-à-dire une suite parties compactes telles que
et
(il
suffit par exemple de prendre
), la famille
forme clairement un système
fondamental dénombrable de voisinage de 0, la topologie définie
par les semi-normes
, où
décrit les parties compactes
de
est donc une topologie métrisable et si
Cette topologie est appelée topologie de la convergence
uniforme sur tout compact de . Rappelons que
, munit de
cette topologie est complet.
Nous allons maintenant traduire les propriétés des suite de
fonctions holomorphes que nous avons obtenues dans le théorème de
Weierstraß en termes topologiques sur le sous espace vectoriel
de
constitué des fonctions holomorphes sur
.
Rappelons qu'une partie
de
est bornée si et
seulement si pour toute partie compacte
de
, il existe une
constante
telle que pour toute
on ait
.
On déduit alors aisément des inégalités de Cauchy la proposition suivante :
En particulier si
est une partie bornée de
, il en est
de même de
pour tout
.
On dit qu'une partie
de
est équicontinue en un
point
de
si et seulement si pour tout
il
existe
tel que pour toute
et tout
tel
que
on a
. La partie
est équicontinue sur
si et seulement si elle est
équicontinue en tout point de
.
Ces définitions étant précisées nous pouvons rappeler l'énoncé du Théorème d'Ascoli.
Le théorème de Montel va prouver qu'en raison des inégalités de
Cauchy la caractérisation des parties compactes de
est plus
simple que celle des parties compactes de
et comparable à
la situation de la dimension finie.
Démonstration : Montrons tout d'abord la condition nécessaire. Raisonnons par
l'absurde et supposons que
n'est pas bornée. Il existe alors
un compact
de
tel que, pour tout
, il existe une
fonction
telle que
et nous obtenons
ainsi une suite de fonctions de
qui ne possède aucune sous
suite convergeant uniformément sur
. La partie
n'est donc
pas relativement compacte dans
.
Pour la condition suffisante, il suffit, par le Théorème d'Ascoli,
de vérifier que si
est bornée elle est aussi équicontinue.
Supposons que
est bornée et prouvons que
est
équicontinue au voisinage de tout point
de
. Soient
et
,
, deux disques de
centre
tels que
. Grâce
aux inégalités de Cauchy, pour toute
, on a
Notons
. Alors, pour
toute
,
on a
, puisque
est
bornée.
Si et
sont deux points de
et si
alors
car
est convexe. Pour
, posons
, alors
est de classe
sur
et
, de plus par le
Théorème des accroissements finis
Théorème de la représentation conforme de Riemann
Le but de cette section est de prouver que tout domaine étoilé de
distinct de
est biholomorphe au disque unité. Il s'agit
d'un cas particulier du Théorème de la représentation conforme de
Riemann qui affirme que tout domaine simplement connexe de
,
c'est-à-dire sans trou ou plus précisément tel que son
complémentaire ne possède aucune composante connexe bornée, distinct
de
est biholomorphe au disque unité.
On note le disque de centre 0 et de rayon
de
.
Remarquons que
, bien qu'homéomorphe à
(par l'application
), n'est par biholomorphe à
. En effet
si
est une application holomorphe de
dans
,
est
bornée et donc constante par le Théorème de Liouville et par
conséquent elle ne peut pas être injective.
Commençons par démontrer quelques propriétés des applications
holomorphes de dans
. Si
, on pose
. Notons que si
, la
fonction
est définie et holomorphe sur
.
Remarquons que
, donc par le
théorème d'inversion locale
est un automorphisme de
,
de plus
.
Soit un automorphisme de
, on se ramène au cas où
en
remplaçant
par
. On peut donc appliquer
le Lemme de Schwarz à
et à
, on obtient ainsi pour tout
,
, soit
et encore
une fois par le Lemme de Schwarz
avec
.
Si , on a donc
avec
, d'où
Démonstration : Posons
Première étape. Montrons que
n'est pas vide. Nous allons
construire une application
holomorphe, injective sur
dont
l'image
évite un disque fermé
de centre
et
de rayon
, ainsi pour tout
nous aurons
et
en posant
nous définirons une fonction
holomorphe sur
, injective et telle que
pour tout
, soit
. Une telle fonction
sera un
élément de
.
Fixons
, la fonction
est
holomorphe dans
et ne s'annule pas, il existe donc une fonction
holomorphe dans
telle que
pour tout
.
Notons que
ainsi définie est injective puisque, si
,
alors en élevant au carré
, soit
. Notons
également que si
alors en élevant au carré on obtient
encore
, soit
. Puisque la fonction
ne s'annule
pas on déduit de cette dernière assertion que si
alors
.
Par ailleurs l'application est holomorphe sur
, qui est
connexe, et non constante donc ouverte et par conséquent il existe
et
tel que le disque fermé
soit
contenu dans
. La remarque précédente implique donc que
et donc
convient et nous
avons construit la fonction
cherchée.
Deuxième étape. Montrons que si est un point de
et
si
n'est pas surjective, il existe
telle que
.
Puisque n'est pas surjective, il existe
et en composant par l'automorphisme
de
nous obtenons
une application
qui ne s'annule pas sur
. Notons
l'application de
dans
définie par
. Par hypothèse il existe alors une fonction
holomorphe dans
telle que
.
L'application
est clairement injective et satisfait
. Posons
et
. La fonction
est
clairement un élément de
et
. Posons
, alors
L'application est holomorphe, non injective de
dans
,
car
n'est pas injective, donc par le Lemme 4 on
a
. De plus
étant injective,
et par
conséquent
.
Troisième étape. Soit un point de
, montrons qu'il
existe
telle que
et
qu'une telle fonction
définit un isomorphisme de
sur
.
L'ensemble
est une partie bornée de
puisque si
alors
(en effet pour tout
et
tout
, on a
). On déduit alors des inégalités de
Cauchy que
, de plus les
élément de
étant des fonctions holomorphes, injectives on a
. On peut donc considérer une suite
d'éléments de
telle que la suite de nombres réels
converge vers
. Puisque
est
bornée, donc relativement compacte par le Théorème de Montel, quitte
à extraire, on peut supposer que la suite
converge
uniformément sur tout compact de
vers une fonction
holomorphe sur
et telle que
par le Théorème de
Weierstraß. Comme
, la fonction
n'est pas constante
et le Théorème 17 implique que
est injective puisque
les
le sont.
Montrons que
, ce qui implique que
. Par
définition des éléments de
, pour tout
,
et par conséquent en tant que limite de la suite
la fonction
vérifie
, mais
la fonction
n'étant pas constante elle est ouverte et donc
.
Puisque
et
, il résulte de la seconde étape
que
qui est une application holomorphes injective de
dans
est de plus surjective. Le Théorème d'inversion locale prouve
alors que
est un isomorphisme de
sur
.
Pour
, la fonction
est holomorphe sur
et vérifie
.
Le Théorème 27 et la Proposition 13 donnent le résultat suivant :