En un point où la dérivée d'une fonction s'annule, les
accroissements de la fonction sont négligeables devant les
accroissements de la variable. Souvent, c'est un point
où les variations de la fonction changent de sens, donc un maximum
ou un minimum.
Insistons sur l'adjectif local. Il suffit que la valeur de
en soit la plus grande des valeurs prises par sur un petit
intervalle autour de pour que soit un maximum local.
Cette valeur n'est pas nécessairement la plus grande prise par
sur tout son domaine de définition (voir le graphe de la figure
3).
Théorème 4
Soit une fonction de
dans
, définie sur un intervalle
ouvert . Si présente un extremum (maximum ou minimum)
local en un point de ,
et si est dérivable en , alors .
Démonstration : Si est un minimum local de , alors c'est un
maximum local de : quitte à remplacer par , nous pouvons
supposer que est un maximum local.
Donc pour tout dans l'intervalle
,
donc
Pour tout dans l'intervalle
,
donc
D'où le résultat. Reprenons l'exemple de la figure 2 :
. La dérivée est :
Elle s'annule en , et admet effectivement un maximum en ce
point. Mais savoir que permet seulement d'affirmer que la
tangente en ce point est horizontale.
Il se pourrait que la dérivée en un point soit nulle sans
que la fonction admette un extremum en ce point : par exemple la
fonction
en 0.
D'autre part,
une fonction peut présenter un extremum en , sans être
dérivable en ce point (par exemple la fonction
en 0).
Voici un autre exemple
(figure 3). Soit la fonction définie par :
Figure:
Graphe de la fonction
.
|
Le taux d'accroissement de en 0 est
, qui tend vers
0. La dérivée de en 0 est donc nulle. Pourtant, tout
intervalle contenant 0, contient aussi des valeurs positives, et des
valeurs négatives (et aussi une infinité d'extrema locaux).
Nous allons appliquer le théorème 4, pour
démontrer le théorème de Rolle.
Démonstration : Une application continue sur intervalle fermé borné, atteint sa
borne inférieure et sa borne supérieure : il existe
tels que pour tout
,
Si , l'application est constante sur , et sa
dérivée est identiquement nulle. Si , alors l'une au moins
de ces deux valeurs est différente de (et donc de
). Si , alors
est un minimum pour , et
donc , d'après le théorème précédent. Si
, alors est un maximum pour , et donc .
Figure 4:
Théorème de Rolle.
|
Figure 5:
Théorème des accroissements finis.
|
On en déduit le résultat le plus
important de cette section,
le théorème des accroissements finis.
Démonstration : Considérons la fonction , qui à associe
La fonction est continue sur , dérivable sur . De
plus, elle prend la même valeur en et :
D'après le théorème de Rolle, la dérivée de s'annule en
un point de .
D'où le résultat. Graphiquement, le théorème des accroissements finis dit que la
courbe représentative de sur possède au moins une
tangente parallèle à la sécante passant par et
(figure 5). Si représente la position d'un
mobile à l'instant , le théorème des accroissements finis dit
que en au moins un point, la vitesse instantanée doit être
égale à la vitesse moyenne sur l'intervalle.
Le plus souvent en pratique, on ne sait rien de la valeur de qui
est telle que la tangente en est parallèle à la
sécante. Mais de son existence découlent des inégalités
permettant d'obtenir des renseignements précis sur les
accroissements de la fonction.
Le théorème des accroissements finis permet aussi d'établir le
lien entre le sens de variation de et le signe de sa dérivée.
Proposition 6
Soit un intervalle ouvert non vide, et une fonction
dérivable sur . La fonction est :
- croissante sur
si et seulement si est positive ou
nulle sur ,
- décroissante sur
si et seulement si est négative ou
nulle sur .
Démonstration : La fonction est croissante si et seulement si est
décroissante. Il suffit donc de démontrer le premier point.
Si est croissante, alors ses taux d'accroissement sont tous
positifs ou nuls :
Comme la dérivée en chaque point est limite de taux
d'accroissement, elle est aussi positive ou nulle.
Réciproquement, soient et deux points de tels que
. Appliquons le théorème des accroissements finis à sur
l'intervalle : il existe
tel que :
Donc
. Ce résultat n'est valable que sur un intervalle : la fonction
a une dérivée négative sur
, pourtant elle
n'est pas décroissante. D'autre part, si la dérivée est
strictement positive, alors la fonction est strictement croissante. La
réciproque est fausse. La fonction peut être strictement croissante
même si la dérivée s'annule en certains points (par exemple
).
Comme autre application du théorème des accroissements finis,
il est possible d'obtenir la dérivée en un point comme
prolongement par continuité de la dérivée calculée sur un
intervalle.
Démonstration : Soit
. Appliquons le théorème des accroissements finis
sur l'intervalle . Il existe
tel que
Soit la limite à droite de en .
Pour tout
, il existe tel que
Donc pour
,
D'où le résultat. Ce résultat n'est qu'une condition suffisante. Il peut se faire que la
dérivée existe sans qu'elle soit continue. Par exemple la fonction
a une dérivée nulle en 0 (figure
3). Pourtant sa dérivée en ,
, n'a pas de limite en 0.
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