Les propriétés énoncées dans cette section sont, dans l'ordre,
la linéarité, la monotonie et la relation de Chasles.
Elles sont obtenues à partir
des propriétés analogues des sommes de Riemann
(proposition 1).
Théorème 1 (Linéarité)
Soient et deux
fonctions intégrables sur et et deux constantes
réelles. Alors
est intégrable sur et :
Démonstration : Posons :
et
Fixons
. Par hypothèse, il existe deux réels
et tels que, si est -fine alors,
et si est -fine alors,
Posons :
Toute subdivision qui est -fine est à la fois
-fine et -fine. Donc :
Ceci montre que
est intégrable, et que son
intégrale est
. Une conséquence de ce théorème et de la proposition
3 est que deux fonctions ont la même intégrale
si elles ne diffèrent que sur un ensemble
fini de points.
Corollaire 1Soit une fonction intégrable sur . Soit un ensemble
fini de points de et une fonction de
dans
telle que :
Alors est intégrable sur et :
Démonstration : La fonction est non nulle sur un ensemble fini
de points de . Par application de la proposition
3, elle est intégrable et son intégrale est
nulle. Donc est intégrable par le théorème
1 et son intégrale est :
Théorème 2 (Monotonie)
Soient et deux
fonctions intégrables sur . Si pour tout ,
, alors :
Démonstration : Pour toute subdivision pointée de l'intervalle ,
. Soit
. Soient un réel
-adapté à et un réel
-adapté à .
Le réel
est
-adapté à la fois à et à . Soit une
subdivision -fine. Posons :
et
Alors
et
. Comme
, on obtient :
Donc pour tout
,
,
ce qui entraîne
. Par exemple, si une fonction est positive ou nulle sur l'intervalle
d'intégration, son intégrale doit être positive ou nulle. Aussi,
si et sont intégrables, puisque
, on
en déduit :
Théorème 3 (Relation de Chasles)
Soient trois réels tels que . Soit une fonction
de dans
. Si est intégrable sur et
intégrable sur , alors est intégrable sur et :
Démonstration : D'après le corollaire 1, modifier en
un point ne change rien : nous supposerons donc pour simplifier que
.
Définissons les deux fonctions et , de dans
, par :
et
La somme est égale à .
D'après le théorème 1
il suffit de démontrer que
et sont intégrables sur , avec :
et
Nous donnons la démonstration pour , elle s'adapte facilement
pour . Soit
.
Soit un réel
-adaptée pour
sur .
Soit
une subdivision -fine de
. Le point n'est pas nécessairement un des points de
subdivision. Soit l'indice tel que
. Selon que
le point est inférieur ou supérieur à , la contribution
de l'intervalle
à la somme de Riemann sera
, ou bien 0. Considérons la subdivision de ,
déduite de en remplaçant et par , et en
supprimant les intervalles
pour . Puisque
est -fine, on a :
Pour conclure, nous devons montrer que
La différence de ces deux sommes de Riemann est :
Supposons .
Par définition de ,
donc il existe une subdivision
-fine de dont le dernier intervalle est de longueur
et contient et . Selon que l'on pointe ce dernier
intervalle en ou en , on obtient deux sommes de Riemann dont
la différence est précisément . Comme est
-adaptée pour sur , on en déduit :
D'où le résultat. Pour des réels , qui ne vérifient pas nécessairement ,
on pose :
On peut vérifier que la relation de Chasles reste valable dans tous les
cas, quel que soit l'ordre des réels , et , à condition bien sûr
que soit intégrable sur chacun des intervalles mis en jeu.
Comme application de la relation de Chasles, nous allons démontrer
l'intégrabilité des
fonctions en escalier.
Définition 4On appelle fonction en escalier sur une
fonction telle qu'il existe une subdivision de ,
et des constantes réelles , telles que pour tout
,
les valeurs étant quelconques,
éventuellement différentes des valeurs .
Proposition 4Soit une fonction en escalier sur , telle que
pour une subdivision
de . La fonction
est intégrable
sur et son intégrale vaut :
Démonstration : L'intégrale de la fonction constante
qui vaut sur
, est la
surface du rectangle. Sur l'intervalle
, la fonction diffère de la fonction constante au
plus en deux points (les deux extrémités). D'après le corollaire
1, est donc intégrable sur
, et son intégrale est
.
Par la relation de Chasles,
est donc intégrable sur la réunion des intervalles
, et son intégrale est la somme des
intégrales sur chacun des intervalles (cf. figure 5).