Le résultat de base pour comparer deux suites est le suivant.
Démonstration : Supposons
. Alors la limite de la suite
est strictement positive. Notons
cette limite.
Pour
assez grand,
, donc
, ce qui contredit l'hypothèse.
Observons que la conclusion reste vraie si au lieu
d'être comparables pour tout
,
et
le sont «à partir d'un certain
rang». Ceci vaut d'ailleurs pour tous les résultats de cette
section.
Par contre le fait de supposer
implique seulement
:
bien que
, les deux suites
et
ont la même limite.
Le théorème 3 ne permet pas de démontrer
que l'une des deux suites
ou
converge.
Pour cela, on utilise souvent le résultat suivant.
Théorème 4
Soient
et
deux suites de réels telles que
tend vers 0. Si pour tout
,
,
alors
tend vers 0.
Démonstration : Pour tout
, il existe
tel que pour
:
d'où le résultat.
On en déduit le corollaire suivant que l'on
trouve dans certains livres sous le nom de
«théorème des gendarmes».
Démonstration : Il suffit d'appliquer le théorème 4 aux deux suites
et
.
Voici un exemple d'application.
Soit
Comme
vaut
ou
, on a l'encadrement suivant.
Les deux bornes de cette double inégalité
tendent vers
, donc
.
La comparaison vaut aussi pour les limites infinies.
Théorème 5
Soient
et
deux suites de réels telles que
pour tout
,
.
- Si
tend vers
alors
tend vers
.
- Si
tend vers
alors
tend vers
.
Démonstration : Pour tout
, il existe
tel que pour
:
donc
tend vers
si
tend vers
.
La démonstration de l'autre
affirmation est analogue.
On dispose d'un vocabulaire adapté à la comparaison des suites.
Très souvent, on appliquera ces définitions pour une suite
non nulle ; dans ce cas, la comparaison se lit sur le rapport
.
Par exemple :
L'équivalent de
donné par la formule de Stirling est souvent
utile :
Observons que
entraîne
, ce qui permet
de calculer les équivalents de toutes les fonctions polynomiales de
.
Les équivalents sont souvent utilisés pour le calcul de limites de
produits ou de quotients, car si
, et
alors
. Voici un exemple.
Comme
,
, donc
. Pour le dénominateur,
, donc
.
Attention, il ne faut pas
utiliser des équivalents
pour des sommes. Par exemple :

et
Pourtant,
n'est pas équivalent à 0.
Voici trois résultats de comparaison de suites tendant vers
l'infini, à connaître par c
ur.
Théorème 6
Soit
un réel strictement positif et
un réel strictement
supérieur à
. Alors :
-
;
-
;
-
.
Démonstration :
- Ecrivons le rapport de
à
comme suit.
La suite
tend vers 0. Donc il existe
tel que
pour tout
,
. Donc pour
:
La suite
tend vers 0, d'où le résultat.
- Posons
, avec
, et écrivons la formule du binôme de
Newton :
Pour tout
, on peut minorer
par
. Fixons
.
Pour
, le coefficient binomial
peut être
minoré comme suit.
Donc pour tout
:
Le membre de droite tend vers 0, car par définition
.
- Pour tout
, posons :

et
La suite
est une suite d'entiers qui tend vers l'infini, car
. Les
sont des réels compris entre 0 et
. Ecrivons :
Dans le membre de droite, le premier terme peut-être vu comme une
suite extraite de la suite
, avec
. Nous avons vu que
cette suite tend vers 0 au point 2. Donc toute suite extraite tend
aussi vers 0. Le dénominateur du second terme tend vers
l'infini. Donc
est majoré par la somme de deux suites
qui convergent vers 0. D'où le résultat.
Il est bon d'avoir en tête une échelle des «infiniment petits» et
des «infiniment grands», c'est-à-dire des suites qui tendent vers
0 ou vers
. Pour présenter ces échelles
sous forme synthétique,
nous utilisons la notation
, qui est équivalente à
.
- Infiniment petits
- Infiniment grands
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