Voici une autre situation où l'on rencontre des suites adjacentes
comme approximations numériques d'un réel. Nous allons construire par
récurrence une suite de rationnels
qui encadrent un réel de manière optimale,
en un sens qui sera
précisé plus loin.
On construit d'abord une suite d'entiers de la façon
suivante. Soit la partie entière de . On calcule
l'inverse de la partie décimale, qui est un réel
supérieur à . On note sa partie entière. On itère
ensuite le procédé, en prenant pour chaque entier la partie
entière de l'inverse de la partie décimale.
Voici ce que cela donne pour .
Vous pourrez vérifier que la suite associée à
est
.
La suite associée au nombre d'or
est
.
La suite des entiers
étant donnée, on
fabrique une suite de rationnels en reprenant le processus à
l'envers.
Le terme général est
Le terme «fraction continue» est assez clair. Il n'y a pourtant pas
de rapport direct avec les fonctions continues. Il vaudrait mieux dire, comme
en anglais, «fraction continuée».
Voici les premiers termes de la suite
pour , et la valeur numérique de
.
Le premier terme était déjà connu d'Archimède
comme approximation de . Le troisième, a été proposé
par Adrien Métius en 1624. Les Chinois, tel Zu Zhong Chi au Ve
siècle, connaissaient ces deux approximations. L'exemple tel que
nous le présentons, figure dans un texte écrit par
Leonhard Euler (1707-1783) en 1748.
Les s'approchent rapidement de , et de plus ils encadrent
la valeur exacte : les deux sous-suites et
sont adjacentes. On démontre le résultat suivant.
Cet encadrement montre que l'erreur commise en
approchant par est majoré par l'inverse du
carré du dénominateur.
La taille du dénominateur est en quelque sorte le prix que l'on
accepte de payer
pour une approximation rationnelle de . On démontre que parmi les
rationnels dont le dénominateur est inférieur ou égal à ,
c'est qui est le plus proche de . L'approximation par
fractions continues est donc la meilleure possible.
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