Les séries à termes positifs ou nuls
sont plus faciles à étudier. En effet si
pour
tout , la suite des sommes partielles est croissante.
Une suite croissante
n'a que deux comportements
possibles. Soit elle est majorée
et elle converge, soit elle tend vers .
Les séries à termes positifs se comparent comme les intégrales
de fonctions positives.
Théorème 3
Soient et deux séries à termes positifs ou nuls. On
suppose qu'il existe
tel que pour tout
,
.
- Si converge alors converge.
- Si diverge alors diverge.
Démonstration : Comme nous l'avons observé, la convergence ne dépend pas des
premiers termes. On peut donc étudier les sommes partielles à
partir de . Pour tout
, notons
et
. Les suites
et
sont croissantes, et de plus pour tout
. Si la série converge, alors la suite
converge. Soit sa limite. La suite est croissante,
et majorée par , donc elle converge, donc la série
converge aussi. Inversement, si la série diverge, alors
la suite tend vers , et il en est de même pour la
suite . Comme premier exemple, considérons un développement décimal. Soit
une suite d'entiers tous compris entre 0 et . La série
converge.
En effet, son terme général
est majoré par
. La série géométrique
converge, car
. La série
converge aussi par linéarité, d'où le résultat.
Nous avons déjà vu que la
série
converge.
Nous allons en déduire que
converge.
En effet :
En particulier, il existe tel que pour
:
En fait c'est vrai pour
, mais il est inutile de calculer une
valeur précise de . On en déduit que la série de terme
général
converge, d'où le résultat par
linéarité. Montrons maintenant que
converge,
pour tout réel . En effet :
Donc il existe tel que pour
,
En multipliant les deux membres par
:
Comme la série
converge, il en est de même de
la série
, par le théorème
3.
Inversement, nous avons vu que la série
diverge. On en déduit facilement que les séries
et
divergent également.
Le théorème de comparaison permet
d'utiliser des équivalents.
Démonstration : Par hypothèse, pour tout
, il existe tel que pour
tout
,
Fixons
.
Si converge, alors par le théorème de comparaison
3,
converge, donc
également. Réciproquement, si diverge, alors
diverge, et aussi. Par exemple,
converge,
converge.
Dans les deux cas, le terme général est équivalent à
, et nous avons vu que la série
converge. Par contre
diverge,
diverge.
Dans les deux cas, le terme général est équivalent à
, et nous avons vu que la série
diverge.
Les théorèmes 3 et
4 permettent de ramener les séries à
termes positifs à un catalogue de séries dont la convergence est
connue. Dans ce catalogue, on trouve les séries de Riemann
et de
Bertrand
.
On les étudie en utilisant les intégrales
correspondantes grâce au théorème suivant, illustré sur la
figure 2.
Figure 2:
Comparaison entre une série à termes positifs et
l'intégrale d'une fonction décroissante sur
.
|
Théorème 5
Soit une fonction de
dans
, décroissante.
La série de terme général est de même nature
(convergente ou divergente) que l'intégrale
.
Démonstration : Comme est décroissante, les inégalités
sont vraies pour tout
. En intégrant entre
et on obtient :
Par la relation de Chasles, la somme de 0 à donne :
La série converge et a pour somme ,
si et seulement si la suite des sommes
partielles converge vers .
Dans ce cas
est
majorée par , et comme
est fonction croissante de
, l'intégrale converge. Réciproquement, si l'intégrale
converge, alors
est majorée, la suite des
sommes partielles aussi, et elle converge. Rappelons que le point de départ de la sommation n'a pas d'influence
sur la convergence des séries. Le théorème
5 reste vrai pour des fonctions définies sur
au lieu de
. Nous l'appliquons à
, puis
.
Séries de Riemann
Si
diverge.
Si
converge.
Séries de Bertrand
Si
diverge.
Si
converge.
Nous retrouvons en particulier le fait que
converge,
alors que
diverge. Voici deux exemples
d'utilisation des équivalents pour la comparaison avec les
séries de Riemann et de Bertrand.
La série
converge.
En effet :
et la série de Riemann
converge.
La série
diverge.
En effet :
et la série de Bertrand
diverge.
Nous allons à nouveau appliquer le théorème de comparaison,
pour montrer que si le terme général d'une série est un
produit de facteurs dont l'un est dominant, alors la nature de la
série est dictée par le terme dominant.
Démonstration : Par hypothèse, il existe tel que :
En multipliant les deux membres par , on obtient :
D'où le résultat par le théorème de comparaison
3, puisque
converge. Comme application de cette proposition, si est tel que et
est un réel quelconque, la série
converge.
Démonstration : Par hypothèse, il existe tel que :
En multipliant les deux membres par
, on obtient :
D'où le résultat par le théorème de comparaison
3, puisque
converge. Comme conséquence de cette proposition, pour tout et pour
tout réel ,
converge.
Dans le catalogue des séries dont la nature est connue,
on trouve aussi les séries géométriques et la série
exponentielle. Pour la comparaison avec les séries
géométriques, il existe deux critères mieux adaptés que les
équivalents. Ils font l'objet de la section suivante.
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