Comme premier exemple de série, observons le développement
décimal d'un réel strictement compris entre 0 et .
où pour tout
Cette écriture correspond en fait à la série de terme général
. La somme partielle est
l'approximation décimale par défaut à près.
Voici les 50 premières décimales de
.
Les nombres décimaux , ,
sont des sommes partielles de la série.
Les deux séries les plus souvent utilisées sont la série
géométrique et la série exponentielle.
Série géométrique
Le terme général d'une série géométrique est
. Les sommes partielles ont une
expression explicite.
Série exponentielle
Le terme général de la série exponentielle est
,
où (factorielle) désigne le produit des entiers de à
. Par convention, .
Les sommes partielles sont des rationnels mais
n'ont pas d'expression explicite.
Observons que n'importe quelle suite
peut être
vue comme une série, de terme général
, pour
et .
Dans la plupart des cas, les sommes partielles n'ont pas d'expression
explicite, et c'est souvent pour cela que l'on parle de série
plutôt que de suite.
Définition 2
On dit que la série converge vers si la suite des
sommes partielles converge vers , qui est appelée somme de
la série.
Dans le cas contraire, on dit que la série diverge.
Par exemple, le réel est la
limite de ses approximations décimales, et aussi la somme de la série
.
La série géométrique converge si et seulement si
. Dans ce cas, la somme est
.
La somme de la série exponentielle est le nombre
, dont le
logarithme népérien vaut .
Voici un exemple de série dont les sommes partielles sont
explicitement calculables.
En effet,
donc
et
Considérons une série et définissons la
fonction en escalier sur
par :
La somme partielle est l'intégrale de sur l'intervalle
. La série converge si et seulement si
l'intégrale
converge (voir figure
1).
Réciproquement, l'intégrale d'une fonction quelconque sur
peut être vue comme la somme de la série dont le
terme général est l'intégrale sur . Nous utiliserons
par la suite cette parenté entre séries et intégrales.
Figure 1:
Somme d'une série, vue comme l'intégrale d'une fonction
en escaliers sur
.
|
Comme la convergence d'une intégrale ne dépend que du comportement
de la fonction à l'infini, la convergence d'une série ne dépend
pas de ses premiers termes. Changer un nombre fini de termes d'une
série ajoute une même constante à toutes les sommes partielles
à partir d'un certain rang. Cela ne change pas la nature,
convergente ou divergente. Si elle est convergente,
sa somme est évidemment modifiée.
Par exemple :
Le fait de calculer la somme d'une série à partir de est
purement conventionnel. On peut toujours effectuer un changement
d'indice pour se ramener à une somme à partir de 0. Par
exemple :
en posant .
Le terme général d'une série convergente tend vers 0.
Théorème 1
Si la série converge, alors la suite
tend vers 0.
La contraposée de ce résultat est souvent utilisée : une
série dont le terme général ne tend pas vers 0 ne peut pas
converger.
Démonstration : Pour tout
, posons
. Pour tout
,
. Si converge,
la suite
converge vers la somme de la série. Il en
est de même de la suite
. Par linéarité de
la limite, la suite tend vers . Par exemple la série de terme général
diverge : même si les termes non nuls sont très rares il y en quand
même une infinité !
Le fait que le terme général tende vers 0 n'est qu'une condition
nécessaire de convergence. De nombreuses séries divergentes ont un terme
général qui tend vers 0. Par exemple, la série de terme
général
diverge. En effet :
La suite des sommes partielles n'est pas de Cauchy, donc elle ne
converge pas.
La linéarité des limites entraîne immédiatement le théorème
suivant.
Théorème 2
Soient et deux séries convergentes, de sommes
respectives et . Soient et deux complexes
quelconques. Alors la série de terme général
est convergente, et sa somme est
.
Par exemple :
Comme conséquence de la linéarité, observons que si
converge et diverge, alors
diverge. Comme
autre conséquence,
pour
,
converge si et seulement si
converge.
Pour les séries à termes complexes la convergence équivaut à
celle des parties réelle et imaginaire.
Démonstration : Rappelons qu'une suite de nombres complexes converge si et seulement
si la suite des parties réelles et la suite des parties imaginaires
convergent. Si
et
sont deux suites
de réels :
Il suffit d'appliquer ce résultat à
et
car la partie réelle d'une somme est la somme des parties réelles,
et la partie imaginaire d'une somme est la somme des parties imaginaires. Considérons par exemple la série géométrique , où
est un complexe de module et d'argument :
. Pour tout ,
. Les
parties réelle et imaginaire de sont
et
On déduit de la proposition précédente que :
Le calcul donne :
et
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