Rappelons une définition déjà utilisée en partie.
Définition équivalente (évitant
l'emploi des trois petits points)
On définit par
récurrence pour tout entier
positif ou
nul en posant
puis, pour tout
,
,
puis on définit directement
pour tout
entier
négatif en posant
(puisque
est alors déjà défini).
Démonstration : C'est très simple à voir avec des points de suspension, en
n'oubliant pas de distinguer plein de cas selon les signes des divers entiers
des formules, la définition dépendant de ce signe.
Comme c'est à la fois très
facile et très fastidieux, on va oublier discrètement de le faire.
On en déduit aussitôt la très élémentaire
Démonstration : L'ensemble
n'est pas vide, puisqu'il contient
. Si
et
sont deux éléments de
, on peut trouver deux
entiers (relatifs)
et
permettant d'écrire
et
. Dès lors
et donc
appartient à
.
Afin de tenter de prévenir les confusions, introduisons un autre sens du mot «ordre», pas du tout synonyme du précédent et un peu superflu mais tellement passé dans les usages qu'on ne peut l'éviter.
Histoire d'appliquer rétroactivement la division euclidienne, qui sera correctement définie dans le chapitre sur l'arithmétique, démontrons le
Démonstration : La preuve étant plus longue que la moyenne, essayons de
dégager des étapes
intermédiaires avec des énoncés précis, qui nous
permettront de souffler quand
ils seront atteints. On notera l'élément neutre
du groupe considéré.
Étape intermédiaire 1 : si l'ordre de est fini, noté
,
Preuve de l'étape 1. Soit un élément de
, c'est-à-dire une puissance de
. On peut
donc mettre
sous forme
pour un entier relatif
.
Effectuons la division euclidienne de
par
, ainsi
,
avec
. On a alors
Étape intermédiaire 2 : si l'ordre de est fini,
le théorème est vrai.
Preuve de l'étape 2. Notons l'ordre de
. Il découle du
résultat de l'étape 1 que dans cette hypothèse
l'ensemble
possède au plus
éléments. L'étudiant
distrait croira même qu'on a
déjà prouvé qu'il en possède exactement
et
qu'on a donc fini, mais son
condisciple plus observateur remarquera que nous ne savons pas encore si dans
l'énumération
figurent bien
éléments
distincts.
Prouvons donc ce dernier fait ; supposons que dans cette
énumération il y ait
deux termes et
qui représentent le même
élément du groupe, avec
pourtant
. On aurait alors
. Mais par ailleurs, comme
, on
obtient
et donc
, et comme
et
, on obtient
. Mais ceci contredit la définition de
comme le plus petit
entier supérieur ou égal à
tel que
.
L'hypothèse était donc
absurde, et l'énumération décrivant
à l'étape 1 est une
énumération sans répétition.
Le nombre d'éléments de
est donc bien égal à
, et
l'étape 1 est prouvée.
Étape intermédiaire 3 : si l'ordre de est infini,
le théorème est vrai.
Preuve de l'étape 3. Dans ce cas, tout le travail consiste à
prouver que
est un ensemble infini.
La vérification est du
même esprit qu'à l'étape 2, en plus simple : on va
prouver que pour
, les
éléments
et
de
sont distincts. Pour ce faire,
supposons que deux d'entre eux soient égaux ; on
aurait alors
, avec
pourtant
et
ne serait pas d'ordre infini. Ainsi
l'étape 3 est prouvée.
Démonstration : Laissée au lecteur, en lui rappelant l'existence
dans ce cours d'un théorème dit «de Lagrange» et en lui
conseillant tout de même de bien distinguer entre ordre (cardinal)
et ordre (d'un élément), comme déjà mentionné.
Histoire d'utiliser encore un peu la notion d'ordre, donnons un énoncé qui peut servir pour gagner du temps dans tel ou tel exercice très concret.
1. L'ensemble n'est pas vide.
2. Pour tous de
, le produit
est aussi dans
.
En d'autres termes, dans le cas particulier d'un sous-ensemble d'un groupe fini (et seulement dans ce cas !) on peut faire des économies et éviter de travailler sur les ennuyeux symétriques pour examiner un potentiel sous-groupe.
Pour enfoncer le clou sur la nécessité de
l'hypothèse selon laquelle est fini, on pensera au cas
et
.
Démonstration : La seule difficulté est évidemment de vérifier la propriété (iii)
de la définition des «sous-groupes». Prenons donc un élément
de
. On commence par traiter à part le cas stupide où
, et où il est clair qu'on a aussi
.
Pour le cas sérieux où
, considérons le sous-groupe
de
. Ce sous-groupe est fini,
puisqu'inclus dans
. On déduit donc du théorème
précédent (en fait de sa partie la plus facile,
l'étape 3 de sa preuve) que
est d'ordre fini. Notons
l'ordre de
; comme
, on a l'inégalité
et donc
; écrivons l'identité
,
et revenons dans cette formule à la définition de
: on obtient
comme produit d'un nombre
positif d'exemplaires de
; par la propriété
2 de l'énoncé de la proposition, on en déduit que
.