En fait, bien que cette définition soit générale, on n'aurait pas l'idée d'appeler «loi de composition» n'importe quelle application de vers ; le vocable n'est utilisé que quand il est naturel de noter l'application par un symbole opératoire. Des exemples typiques de lois de composition sont l'addition de vers , qui associe à ; ou bien la loi de composition sur l'ensemble des applications de vers , qui associe l'application au couple d'applications . Pour des lois de composition abstraites, le symbole opératoire a été à la mode et nous l'utiliserons occasionnellement, surtout au début, mais nous nous contenterons rapidement de la notation multiplicative , ou même simplement , pour l'élément obtenu en appliquant la loi de composition à .
Voici un peu de vocabulaire au sujet des lois de composition.
La cohérence de ce qui suit nécessite d'énoncer tout de suite un résultat simplissime.
Démonstration : Soit et deux éléments neutres pour une loi de composition . Comme est neutre, et comme est neutre, . Donc .
On parlera donc de l'élément neutre avec l'article défini, lorsqu'il existe un élément neutre.
Là encore, glissons sans tarder une évidence.
Démonstration : Soit le neutre de , soit un élément de et soient et deux symétriques de . Alors d'une part et d'autre part . Par associativité de la loi de composition, , d'où .
Les lois de composition intéressantes étant en pratique associatives, on pourra donc faire plein usage de la notation suivante.
Maintenant que nous savons manipuler une loi de composition sur un seul ensemble, apprenons à évoluer d'un ensemble muni d'une loi de composition vers un autre.
Il semble plus facile d'expliquer la notion d'isomorphisme que celle de morphisme en général ; deux lois de composition sur deux ensembles fourniront des structures isomorphes lorsque ces deux lois de composition agissent de la même façon, seuls les noms des éléments changeant. La phrase précédente n'étant peut-être pas si claire que cela, donnons plutôt des exemples, c'est toujours bien les exemples.
Pour abréger les calculs qui suivent, introduisons une notation.
En utilisant cette notation, on peut très facilement calculer tous les produits deux à deux des bijections introduites ici ; par exemple .
On considère alors l'ensemble et on voit que est une loi de composition sur ce sous-ensemble de , qui sera agréablement décrite par le tableau suivant, que l'on appelle une table de composition.
Considérons à présent l'ensemble des nombres complexes dont la puissance quatrième vaut , c'est-à-dire l'ensemble . Il est très facile de constater que la multiplication des nombres complexes définit une loi de composition sur , dont la table est donnée ci-dessous.
Visuellement, on retrouve la même table, seuls les noms des éléments ont changé. C'est signe qu'il y a un isomorphisme camouflé. On le détectera facilement ; c'est bien sûr l'application de vers définie par :
Il faut tout d'abord se soucier de vérifier que cette définition n'est pas ambiguë, car elle n'est pas loin de l'être ! Une rotation peut en effet être caractérisée par plusieurs angles (tourner d'un quart de tour dans le sens trigonométrique, c'est aussi tourner de trois quarts de tour dans le sens des aiguilles d'une montre), mais deux angles distincts et correspondant à la même bijection diffèrent d'un multiple entier de ; il existe donc un entier tel que . Les valeurs et
Une fois cette mise au point effectuée, vérifier que est un morphisme est sans problème : si est la rotation d'angle et la rotation d'angle , la composée est la rotation d'angle , et on a donc :
À l'évidence (et c'est sans doute ce que vous fîtes au lycée), on peut voir comme l'application qui «enroule» de façon régulière une corde (la droite ) sur une roue (le cercle ), encore et encore.