Le but de cette section est de démontrer le théorème
1 : toute partie non vide et majorée de
admet une
borne supérieure et toute partie non vide et minorée admet une
borne inférieure. Soit une partie non vide et majorée de
:
Si
, alors
. Si est non vide et
majorée, alors
est une partie non vide et
minorée. Si la borne supérieure de (plus petit des majorants
de ) existe, alors la borne inférieure de (plus grand des
minorants) existe aussi et réciproquement ; de sorte que nous nous
dispenserons de démontrer l'existence de la borne inférieure.
La démontration va consister à construire explicitement la borne
supérieure, en déterminant ses approximations décimales par défaut.
Nous vérifierons ensuite que le réel ainsi construit
est bien le plus petit des majorants.
Démonstration : [du théorème 1]
Soit une partie non vide de
et un majorant de .
Pour tout
, l'ensemble
est un ensemble d'entiers, majoré par . Il admet donc un plus
grand élément. Divisons chacun de ses éléments par :
L'ensemble est l'ensemble des approximations par défaut à
près des éléments de . Comme le précédent, il admet
un plus grand élément, que nous noterons .
Par construction, pour tout
,
. Nous
allons démontrer par l'absurde que
Si ce n'était pas le cas, il existerait tel que
Mais alors
serait supérieur ou égal à
, ce qui contredit la définition de . La suite
est donc bien une suite d'approximations décimales
et détermine un réel unique que nous notons . Nous voulons
montrer est la borne supérieure de . Montrons d'abord que
c'est un majorant de . Toujours
par l'absurde, supposons qu'il existe tel que . Fixons
tel que
. Alors
ce qui
contredit la définition de . Il nous reste à montrer que
pour tout
,
il existe tel que
. Fixons tel que
. Par construction, il existe tel que
. Donc
Ne nous leurrons pas : la démonstration qui précède, si elle
présente l'avantage de construire explicitement la borne
supérieure, n'est pas parfaitement étanche. Vous avez dû
admettre qu'une suite d'approximations décimales détermine un
réel, ce qui pour être parfaitement intuitif, n'en est pas moins
un acte de foi. Pour le justifier, il vous manque une construction axiomatique de
l'ensemble des réels, que nous vous raconterons certainement un jour,
mais qui pour l'heure dépasse sensiblement le niveau de ce chapitre.