Dans ce cours, une relation établit une correspondance
entre deux éléments d'un même
ensemble. Elle est définie par l'ensemble sur lequel elle
opère, et par son graphe , qui est un sous-ensemble du
produit cartésien . Le fait qu'un couple
appartienne au graphe est noté
( est en
relation avec ). Considérons par exemple la relation «divise»
sur l'ensemble
. Son graphe est :
Ses éléments sont visualisés par des flèches sur la figure
4.
Figure:
Représentation graphique de la relation «divise» sur
.
|
Les propriétés intéressantes que l'on attend d'une relation sont
les suivantes.
Les relations servent à traduire mathématiquement des comparaisons
entre éléments d'un même ensemble. Ces comparaisons peuvent
être de deux types.
- a le même ... que (la même valeur, la même image
par une fonction...) : c'est une relation d'équivalence.
- est plus ... que (plus petit, plus grand, plus
tôt...) : c'est une relation d'ordre.
Définition 9
Soit une relation sur un ensemble .
- On dit que est une relation d'équivalence si
elle est à la fois réflexive, symétrique et transitive.
- On dit que est une relation d'ordre si
elle est à la fois réflexive, anti-symétrique et transitive.
Voici des exemples de chacun des deux types de
relations.
Notre premier exemple de relation d'équivalence est la congruence
des entiers. Soit un entier strictement positif
fixé. Définissons la relation sur
par :
On dit que et sont congrus modulo et on note
«
modulo ». Il est facile de vérifier que
la congruence modulo est réflexive, symétrique et
transitive. Les nombres pairs sont tous congrus à 0 modulo , les
nombres impairs sont congrus à . Vérifiez sur votre agenda,
où les jours de l'année sont numérotés, que tous les lundis
sont congrus entre eux modulo 7.
Pour notre deuxième exemple de relation d'équivalence, nous
allons revenir sur la notion de cardinal d'un ensemble.
Soit un ensemble et
l'ensemble de ses parties.
Définissons la relation sur
qui relie deux parties et s'il
existe une bijection de vers . Cette relation est :
- réflexive : l'application identique est une
bijection de vers lui-même,
- symétrique : si est une bijection de vers
alors l'application réciproque est une bijection
de vers ,
- transitive : si est une bijection de vers
et est une bijection de vers , alors est une
bijection de vers .
Le cardinal est la propriété commune que possèdent deux
parties reliées par cette relation d'équivalence.
Il caractérise leur classe d'équivalence.
Théorème 3
Deux classes d'équivalence sont égales ou bien disjointes.
Démonstration : Soient et deux éléments de . Ces deux
éléments sont reliés ou ils ne le sont pas : nous distinguons
les deux cas.
- Si est relié à .
Nous allons démontrer que les deux classes sont égales.
Soit un élément de
. Par définition d'une classe d'équivalence,
. Comme
et
, d'après la
transitivité,
. Nous venons de montrer que tout
élément de
appartient aussi à
. Donc
. Comme la
relation est symétrique, est relié à . Donc ce qui
précède s'applique en permutant et . Donc
. Comme les deux inclusions
sont vraies, les deux classes sont égales.
- Si n'est pas relié à .
Nous allons démontrer que
l'intersection des deux classes est vide.
D'après la transitivité, pour tout , l'implication
suivante est vraie.
Donc si
est fausse, alors l'une des deux
relations
,
est fausse. Donc un
élément de ne peut pas
appartenir à la fois à
et à
:
leur intersection est vide.
Tout élément de appartient à sa propre classe d'équivalence
car la relation est réflexive, et à aucune autre d'après le
théorème précédent. On dit que l'ensemble des classes
d'équivalences constitue une partition de
(figure 5).
Définition 11
Soit un ensemble et
un ensemble de parties
de . On dit que est une partition de si tout
élément de appartient à un et un seul des éléments de .
Figure 5:
Représentation graphique d'une relation
d'équivalence. Partition en classes d'équivalence.
|
Considérons la relation de congruence modulo sur
. La classe
d'équivalence de 0 est l'ensemble des multiples de , la classe
d'équivalence de est l'ensemble de tous les entiers tels que
est un multiple de ... :
L'ensemble quotient est formé de ces classes d'équivalence.
Considérons maintenant la relation d'équivalence
sur
qui relie deux ensembles d'entiers
s'il existe une bijection de l'un vers l'autre. La classe
d'équivalence de
contient toutes les parties de
qui
ont éléments. Pour les classes de
et
sont disjointes, car il n'existe pas de bijection
entre
et
.
L'ensemble quotient de
par la
relation est en bijection avec
.Passons maintenant aux relations d'ordre. L'ordre le plus naturel est
celui des nombres entre eux. Observons que «» et «» ne sont
pas réflexives. Par contre «» et «» sont bien des
relations d'ordre. Si deux éléments sont reliés par une relation
d'ordre, on dit qu'ils sont comparables. Si tous les éléments sont
comparables deux à deux, on dit que l'ordre est total. C'est
le cas pour «» et «» mais pas pour la
relation «divise» sur
, qui est une relation d'ordre
partiel. Si est un ensemble, l'inclusion est une relation
d'ordre partiel sur
.
Voici un autre exemple. Supposons que soit un alphabet, pour
lequel on a choisi un ordre total, noté :
l'alphabet latin dont les lettres
sont rangées de «A» à «Z», avec
, etc... Les éléments de sont des -uplets de lettres,
donc des mots de longueur . Comment les ranger ? On peut bien sûr
définir une relation d'ordre coordonnée par coordonnée :
C'est bien une relation d'ordre, mais il n'est que partiel. On obtient
un ordre total en donnant la précédence à la première
coordonnée, puis à la seconde en cas d'égalité sur la
première, etc...
L'ordre est maintenant total.
Compliqué ? Pas tellement : c'est l'ordre dans lequel les mots
sont rangés dans un dictionnaire : on l'appelle
ordre lexicographique.
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