Nous allons utiliser la notion
de bijection pour définir le cardinal d'un ensemble fini.
Intuitivement, deux ensembles ont le même nombre d'éléments
si et seulement si on peut définir une bijection entre
ces ensembles. Les définitions qui suivent formalisent cette
intuition.
Proposition 4
Soient et des entiers. S'il existe une injection
alors
.
Démonstration : On raisonne par récurrence sur .
Si , la conclusion est vérifiée.
Supposons le résultat vrai pour .
Soit
une application injective.
Comme est injective, on a
On peut donc définir
L'application ainsi définie est injective. Donc, par
hypothèse de récurrence,
. D'où
.
Corollaire 2
Soient et des entiers.
S'il existe une bijection de
sur
,
alors .
Démonstration : Notons une telle bijection. Alors et sont
injectives et on applique la proposition précédente.
Ce corollaire montre que si est un ensemble de cardinal et
de cardinal , alors . En effet, dans ce cas il existe
une bijection de sur
et de sur
et
fournit une bijection de
sur
.
Définition 6
Soit un ensemble fini. On appelle cardinal de et
on note
l'unique entier tel que soit
de cardinal .
Exemple 1
Si ,
, avec
, alors
En effet l'application
est bijective.
Proposition 5
Soit un ensemble fini et une partie de . Alors
- L'ensemble est fini;
-
;
- Si
, alors .
Démonstration : Soit le cardinal de . Il existe donc une bijection
de sur
. L'application
obtenue par restriction à :
est également bijective. Quitte à remplacer par
, il suffit de traiter le cas où
.
On raisonne alors par récurrence sur le cardinal de .
Si , alors
et le résultat est valide.
Supposons le résultat démontré pour les ensembles
de cardinal , et montrons le pour
.
Si , alors
et
les assertions a), b) et c)
sont vérifiées.
Si , il nous suffit de montrer que est fini
de cardinal inférieur ou égal à .
Mais dans ce cas, il existe
tel que
.
On considère alors l'application
est bijective, donc
et par hypothèse de récurrence est fini et
ce qui montre les assertions dans ce cas.
Démonstration : Si est injective,
on considère l'application
est bijective. Donc et ont même cardinal.
Donc
. L'application est
bijective si et seulement si ce qui est équivalent à
par ce qui précède.
Supposons surjective, c'est-à-dire telle
que
Donc il existe une application telle
que
La composée est l'application identique de ,
donc est injective.
On applique alors le cas injectif à .
Rappelons la définition du complémentaire. Soient et deux
ensembles. On note
l'ensemble des élements de qui
n'appartiennent pas à .
Si
,
est appelé
le complémentaire de dans .
Proposition 6
Si est fini et
, alors
Démonstration : Par la proposition 5, on sait que et
sont finis. Notons le cardinal de
et le cardinal de
.
Il existe donc des bijections
et
L'application
est bijective donc
.
Démonstration : On raisonne par récurrence sur .
Si , et le résultat est vrai.
Si c'est vrai pour , par hypothèse de récurrence,
appliquée à l'ensemble
,
on a
Mais
.
Donc
ce qui prouve le résultat pour .
Exemple 2
Ainsi
.
On peut définir de même le produit
.
Corollaire 4 (Principe des bergers)
Soient un ensemble fini et un ensemble. Soit
une application, alors est fini et :
Démonstration : L'application
définie par pour tout
de est surjective. Par conséquent, est fini.
Soit
. On fixe donc une bijection
On applique alors la proposition à la famille
de parties de .
Proposition 8
Soient et des ensembles finis, alors :
-
;
-
;
-
.
Démonstration : Pour a), on considère l'application surjective
qui applique sur
et on applique la proposition précédente, en notant
que pour tout de , l'application
est bijective.
Pour b), on raisonne par récurrence sur
en considérant
pour tout l'application
Pour c), on vérifie que l'application
de
sur qui envoie une partie
sur l'application
est bijective.
© UJF Grenoble, 2011
Mentions légales