L'assertion
est fausse (par définition
l'ensemble vide ne contient aucun élément). Toute
implication qui commence par
est forcément
vraie, par définition de l'implication. Il est donc indispensable,
avant de se lancer dans la démonstration d'une implication, de
vérifier que les hypothèses ne sont pas vides,
c'est-à-dire qu'elles sont
satisfaites par au moins un objet. Sans cela, on pourrait en déduire
tout et n'importe quoi. Par exemple l'assertion suivante est
mathématiquement correcte,
même si nous ne vous conseillons pas de l'apprendre par cur :
Soit
un entier tel que
,
. Alors
.
L'hypothèse est
vide : aucun entier n'est supérieur à tous les autres.
Une grande partie de l'activité mathématique consiste à
démontrer que des hypothèses ne sont pas vides, c'est-à-dire
qu'il existe au moins un objet qui les vérifie. On appelle cela un
«théorème d'existence». Il est très possible de
démontrer l'existence d'un objet sans être capable de l'exhiber,
ni même de donner un algorithme permettant de le calculer.
Voici un exemple célèbre.
Proposition 14
Il existe deux nombres irrationnels et tels que
soit rationnel.
Démonstration : Nous avons vu que le nombre est irrationnel. Essayons
: il est soit rationnel, soit irrationnel.
- Si
est rationnel, la proposition est
démontrée, puisque
convient.
- Si
est irrationnel, posons
, et
. Alors
et la proposition est également démontrée.
Rien dans cette démonstration ne permet de savoir si
est ou non rationnel, et donc l'existence de
et est démontrée sans qu'on puisse exhiber un seul
exemple. On dit que la démonstration est «non constructive».
Certains mathématiciens, à la suite de Luitzen Brouwer
(1881-1966), affirment qu'il n'est pas acceptable de
démontrer un théorème d'existence sans
être capable de construire au moins un objet vérifiant la
propriété. Ils considèrent que cela revient à peu près à
affirmer que les licornes existent parce qu'on trouve la définition du
mot «licorne» dans les dictionnaires. À vous de juger...
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