Démonstration : L'équivalence de 4 et 5, de même que celle de 6 et 3, provient de la proposition 9, l'implication
de la définition d'une transformation orthogonale, l'implication
de l'expression du produit scalaire dans une base orthonormale, les implications
et
sont triviales. Il reste à montrer l'implication
. Si
est linéaire et conserve les normes, alors
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||
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||
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Il résulte de la proposition suivante que toute application d'un espace vectoriel euclidien dans lui-même qui conserve le produit scalaire est une transformation orthogonale (mais une application qui conserve seulement la norme n'est pas nécessairement linéaire) :
Démonstration : La conservation du produit scalaire entraîne :
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Exemple : les symétries orthogonales
Démonstration : Soit la symétrie par rapport à un sous-espace vectoriel
dans la direction du sous-espace vectoriel
. Si
est une transformation orthogonale, elle conserve le produit scalaire, d'où, pour tout vecteur
de
et tout vecteur
de
Réciproquement, si , tout vecteur
s'écrit
, avec
et
, et
, d'où
, puisque
, ce qui montre que
est une transformation orthogonale.
Groupe orthogonal
L'ensemble des automorphismes orthogonaux de déterminant +1 de est un sous-groupe de
, appelé groupe spécial orthogonal de
, et noté
ou
.
Rappel : Soit
une base orthonormée d'un espace vectoriel euclidien
de dimension
. L'application qui à toute application linéaire bijective de
dans
associe sa matrice dans la base
est un isomorphisme du groupe
sur le groupe
des matrices réelles carrées d'ordre
. La restriction de cet isomorphisme à
est un isomorphisme de
sur le groupe
des matrices orthogonales d'ordre
.
Le groupe orthogonal en dimension 2
Dans cette partie, est un plan vectoriel euclidien orienté.
Démonstration : La proposition découle immédiatement des formules d'addition des fonctions trigonométriques :
Un élément de est appelé rotation vectorielle.
Démonstration : Cela découle immédiatement de la commutativité de ; en effet si une rotation vectorielle a pour matrice
dans une base orthonormée directe, sa matrice dans une autre base orthonormée directe sera de la forme
, où la matrice de passage
appartient aussi à
; comme
est abélien, on a
.
Il en résulte que l'isomorphisme du corollaire 2 ne dépend pas du choix d'une base orthonormée directe.
Remarque :
La rotation de matrice dans une base orthonormée directe a pour matrice
dans une base orthonormée indirecte. Changer l'orientation du plan revient donc à changer le signe de
.
Démonstration : Le polynôme caractéristique d'une matrice
avec
est
, cette matrice est donc semblable à la matrice
, ce qui montre que toute transformation orthogonale négative du plan est une symétrie par rapport à une droite. Cette symétrie est une symétrie orthogonale d'après la proposition 16 .
Démonstration : On complète en une base orthonormée directe
de
. Dans cette base,
s'écrit
,
où
et
sont deux réels vérifiant
. Une rotation vectorielle
vérifie
si et seulement si la première colonne de sa matrice dans cette base a pour coefficients
et
; or il existe une et une seule matrice de
ayant cette propriété.
Angles
On se propose dans cette partie de définir les principales notions d'angles utilisées en géométrie plane. La notion première sera celle d'angle orienté de vecteurs ou, ce qui revient au même, d'angle orienté de demi-droites vectorielles. En effet l'angle de deux vecteurs non nuls et
sera, par définition, l'angle des deux vecteurs unitaires
et
qui leur sont directement proportionnels ; or toute demi-droite vectorielle possède un vecteur directeur unitaire et un seul, et tout vecteur non nul définit une demi-droite vectorielle de manière unique. L'angle de deux vecteurs non nuls
et
, ou l'angle des deux demi-droites vectorielles
et
qu'ils engendrent, sera donc simplement l'angle des vecteurs unitaires
et
. Dans toute la suite, nous ne considérerons donc essentiellement que des vecteurs unitaires.
Deux approches sont proposées : la première, rapide et concrète, consiste à identifier un angle et sa mesure, c'est-à-dire à considérer un angle orienté de vecteurs comme une classe d'équivalence de réels modulo ; la seconde, plus abstraite, définit un angle comme une classe d'équivalence de couples de vecteurs et permet de distinguer l'angle de sa mesure (qui dépend de l'orientation du plan, alors que l'angle lui-même n'en dépend pas). Les deux approches reposent sur la même idée : l'angle de deux vecteurs est l'angle de l'unique rotation qui transforme le premier en le second (l'existence et l'unicité de cette rotation sont assurées par la proposition 21).
Une remarque sur la terminologie : dans l'expression «angle orienté de vecteurs», «orienté» ne se réfère pas à l'orientation du plan, mais à l'ordre dans lequel sont écrits les vecteurs (l'angle
est l'opposé de l'angle
). On verra par contre que cet ordre est indifférent quand on parle d'angles géométriques.
Angles : première approche
Angles orientés de vecteurs
Soient et
deux vecteurs unitaires du plan vectoriel euclidien orienté
. Il existe une et une seule rotation vectorielle
transformant
en
. La matrice de cette rotation est la même dans toute base orthonormée directe et s'écrit
,
où le réel
est uniquement déterminé modulo
. On définit alors l'angle orienté
des deux vecteurs comme la classe
de
dans
. On dira, pour abréger, qu'un angle orienté de deux vecteurs est un réel défini modulo
, et on appellera mesure principale de cet angle l'unique représentant de cette classe dans
.
Au niveau des notations, on ne distinguera plus un réel
de sa classe
modulo
.
Remarque : la matrice de cette même rotation dans toute base orthonormée indirecte est
. Changer l'orientation du plan change donc les angles en leurs opposés.
Angles particuliers :
Pour tout vecteur , l'angle
est l'angle nul et l'angle
est l'angle plat, de mesure principale
. Si
et
sont deux vecteurs orthogonaux, l'angle
est un angle droit, de mesure principale
ou
.
Pour tout triplet de vecteurs non nuls, on a :
En particulier, les angles
et
sont opposés.
Démonstration : Si
et
, alors
.
La relation de Chasles découle alors immédiatement de l'égalité
,
1) Toute rotation vectorielle conserve les angles orientés de vecteurs :
pour tout couple
de vecteurs non nuls.
2) Toute réflexion vectorielle transforme les angles orientés de vecteurs en leurs opposés :
pour tout couple
de vecteurs non nuls.
Démonstration :
La première propriété résulte immédiatement de la commutativité du groupe : en effet, l'unique rotation
qui transforme
en
transforme aussi
en
, puisque
.
Pour démontrer la seconde, il suffit de remarquer que si est une rotation et
une réflexion, alors
est une réflexion, d'où
. Il en résulte que si
, alors
.
Angles orientés de droites
Une droite vectorielle a deux vecteurs directeurs unitaires et ces vecteurs sont opposés. Pour définir l'angle orienté de deux droites vectorielles, on a donc a priori le choix entre quatre angles de vecteurs :
,
,
et
(en fait deux, puisque
et
). Il faut identifier ces deux angles, qui diffèrent d'un angle plat : l'angle orienté de deux droites est donc un réel défini modulo
, i.e. un élément de
. La relation de Chasles est encore vraie pour les angles orientés de droites, qui sont également conservés par toute rotation et transformés en leurs opposés par les réflexions.
Angles géométriques
L'angle géométrique de deux vecteurs et
est simplement la valeur absolue de la mesure principale de
. C'est donc un réel compris entre 0 et
, et ce réel ne dépend pas de l'ordre des deux vecteurs. De plus toute tranformation orthogonale (directe ou indirecte) conserve les angles géométriques. Par contre, la relation de Chasles n'est plus toujours vraie pour les angles géométriques.
En particulier, l'angle géométrique de deux vecteurs unitaires et
est égal à
.
Bissectrices
Pour tout couple de vecteurs unitaires et
, il existe une et une seule réflexion vectorielle
qui échange
et
. Son axe est une droite vectorielle appelée bissectrice du couple
(ou du couple de demi-droites vectorielles engendrées respectivement par
et
), dirigée par le vecteur
si
et
ne sont pas opposés. Un vecteur directeur unitaire
de cet axe vérifie
, ou encore
et cette relation détermine
uniquement modulo
.
Pour tout couple de droites vectorielles, il existe exactement deux réflexions vectorielles les échangeant. Les axes de ces réflexions sont des droites vectorielles orthogonales, qui sont appelées bissectrices du couple de droites.
Composée de deux réflexions vectorielles
Démonstration : Soient et
des vecteurs directeurs unitaires de
et
. Le composé
des deux réflexions
et
est une rotation vectorielle d'angle
Angles : seconde approche
Angles orientés de vecteurs
Soit l'ensemble des vecteurs unitaires de
.
L'idée est la même que précédemment : on voudrait que l'angle
soit égal à l'angle
si c'est la même rotation qui transforme, pour chacun de ces couples, le premier vecteur en le second. La procédure standard pour cela est de définir une relation d'équivalence sur l'ensemble
des couples de vecteurs unitaires de
:
On a vu (proposition 21) qu'il existe toujours une rotation et une seule vérifiant
et une rotation
et une seule vérifiant
; la relation
signifie que les couples
et
sont en relation si et seulement si
.
Remarques :
1) Cette relation est tout à fait analogue à celle qui définit l'équipollence de bipoints : si on veut définir les vecteurs à partir des points, on dit que deux couples et
de points sont équipollents si c'est la même translation qui transforme
en
et
en
.
2) On montre facilement, en utilisant la commutativité de , que la relation
équivaut encore à :
On a donc bien
si et seulement si
(ou
) est vérifiée.
On a défini les angles. On voudrait maintenant définir une addition sur l'ensemble des angles. Il suffit pour cela de transporter sur
la loi de composition naturelle sur
. L'ensemble
est en effet en bijection naturelle avec
:
On vérifie immédiatement que muni de cette addition est un groupe abélien isomorphe à
(on a tout fait pour cela). On récupère de plus immédiatement la relation de Chasles :
Démonstration : Il suffit de remarquer que si et
, alors
.
Angles particuliers
L'angle nul est bien sûr l'élément neutre du groupe des angles de vecteurs ; c'est l'angle
pour tout vecteur unitaire
; il correspond, dans l'isomorphisme précédent, à la rotation identité
. Un autre angle remarquable est l'angle plat
qui est l'angle
pour tout vecteur unitaire
; il correspond à la rotation vectorielle
; c'est l'unique élément d'ordre 2 du groupe
:
. Le groupe
possède en outre deux éléments d'ordre 4, qui sont les angles droits : ce sont les angles
et
où
est une base orthonormée quelconque de
.
Angles géométriques
Un angle géométrique doit être invariant par toute transformation orthogonale (et non plus simplement par les seules rotations). On identifie donc cette fois deux couples de vecteurs unitaires s'il existe une transformation orthogonale qui transforme le premier en le second :
et
sont équivalents si et seulement si il existe
vérifiant
et
.
Cela revient à quotienter
par la relation d'équivalence pour laquelle deux angles sont équivalents s'ils sont égaux ou opposés.
Angles orientés de droites
La manière naturelle de définir l'angle de deux droites vectorielles et
est de prendre un vecteur directeur unitaire
sur chacune de ces droites et de définir
comme étant
. Comme une droite vectorielle possède deux vecteurs directeurs unitaires opposés, on obtient ainsi a priori quatre valeurs, qui se réduisent en fait à deux, puisque
et
. Il faut donc identifier ces deux valeurs, ce qui se fait, ici encore, au moyen d'une relation d'équivalence. Cette relation consiste à identifier les angles
et
, ou encore un angle
et l'angle
: deux angles sont donc en relation si et seulement si leur différence est 0 ou
. L'addition des angles est compatible avec cette relation, ce qui permet de définir sur l'ensemble quotient
de
par cette relation d'équivalence une addition qui fait de
un groupe abélien, appelé groupe des angles de droites. Ce groupe n'est bien entendu rien d'autre que le groupe quotient du groupe abélien
par son seul sous-groupe à deux éléments, constitué de l'angle nul et de l'angle plat. Il comporte lui-même un seul élément d'ordre 2, l'angle droit, qui est la classe des deux angles droits de vecteurs.
Mesure des angles
Rien de ce que nous avons fait jusqu'ici ne fait appel à l'orientation de : on peut parfaitement définir les angles et écrire, par exemple, la relation de Chasles, sans avoir orienté le plan, et sans rien connaître non plus des fonctions trigonométriques. Par contre, dès qu'on veut mesurer les angles, l'orientation du plan joue un rôle essentiel. L'introduction de cette mesure des angles nécessite des outils d'analyse : il faut connaître les fonctions
et
et leurs propriétés, ou, ce qui revient essentiellement au même, la fonction
d'une variable réelle
, en particulier le fait que cette fonction définit un homomorphisme du groupe additif
sur le groupe multiplicatif
des nombres complexes de module 1, dont le noyau est le sous-groupe
. On en déduit un isomorphisme naturel du groupe quotient
sur
, et donc sur le groupe
des matrices orthogonales positives d'ordre 2 : cet isomorphisme associe à la classe du réel
la matrice
.
Or le choix d'une orientation du plan permet d'identifier une rotation vectorielle et une matrice de
: on associe simplement à
sa matrice dans n'importe quelle base orthonormée directe (il faut se souvenir que cette matrice ne dépend pas du choix d'une telle base). On obtient ainsi, par composition, un isomorphisme du groupe
sur le groupe
des angles de vecteurs, ce qui permet d'identifier un angle et sa mesure, qui est, par définition, l'élément de
qui lui correspond par cet isomorphisme. On retombe ainsi sur la définition adoptée dans la première approche de la notion d'angle orienté de vecteurs.
Cette mesure dépend de l'orientation : en effet, si une rotation vectorielle a comme matrice
dans une base orthonormée directe, la matrice de
dans une base orthonormée indirecte est
. Autrement dit, si un angle a pour mesure
dans le plan orienté, et si on change l'orientation du plan, la mesure de l'angle devient
.
Si on veut mesurer les angles de droites, il faut factoriser l'homomorphisme de
dans le groupe
des angles de droites, de noyau
, ce qui revient à identifier des réels différant d'un multiple entier de
. La mesure d'un angle de droites est donc la classe d'équivalence d'un réel modulo
(cette mesure dépend, là encore, du choix d'une orientation).
Angles dans l'espace
On ne peut, dans l'espace vectoriel euclidien de dimension 3, même orienté, définir la mesure d'un angle orienté de deux vecteurs, ou de deux droites. En effet l'orientation de l'espace n'induit pas d'orientation naturelle sur un plan de cet espace : on ne peut donc distinguer entre un angle et son opposé (par contre, la mesure de l'angle d'une rotation est bien définie, à condition d'avoir orienté l'axe de cette rotation : en effet une orientation de l'axe par le choix d'un vecteur directeur unitaire induit automatiquement une orientation du plan vectoriel orthogonal à cet axe (une base orthonormée
de ce plan est directe si la base
de l'espace est directe)). La notion la plus utile est donc ici celle d'angle géométrique de deux vecteurs unitaires, la mesure de l'angle de deux tels vecteurs
et
étant ici encore
. Il n'y a bien entendu plus non plus de relation de Chasles pour ces angles.
Groupe orthogonal en dimension 3
Dans cette partie, est un espace vectoriel euclidien orienté de dimension 3.
On dit alors que est la rotation vectorielle d'axe
(orienté par le choix du vecteur unitaire
) et d'angle
.
Démonstration : Soit la matrice de
dans une base orthonormée directe de
. De la relation
Si on change l'orientation de l'axe en prenant comme vecteur directeur
, l'angle
est changé en son opposé. La mesure de l'angle d'une rotation de l'espace dépend donc de l'orientation de son axe.
On remarque que l'angle géométrique d'une rotation s'obtient immédiatement à partir de la matrice de cette rotation : en effet, en reprenant les notations de la démonstration précédente, la trace de la matrice est
; or la trace d'un endomorphisme ne dépend pas de la base (deux matrices semblables ont même trace) ; il en résulte que
est la trace de la matrice de
dans n'importe quelle base de
(éventuellement non orthonormée).
Pour déterminer le signe de l'angle d'une rotation vectorielle, on peut utiliser la proposition suivante :
Démonstration : Soit une base orthonormée directe telle que
. La matrice de
dans cette base est
. Si
a pour composantes
dans cette base, on a
Démonstration : Soit la matrice de
dans une base orthonormée directe de
. De la relation
On dit, si n'est pas une réflexion, que
est une antirotation, ou encore une isométrie vectorielle gauche.