Deux parties et d'un espace vectoriel euclidien sont dites orthogonales si tout vecteur de est orthogonal à tout vecteur de :
On appelle orthogonal d'une partie de , et on note , l'ensemble des vecteurs orthogonaux à tout vecteur de :
Démonstration : La propriété 1 provient de la linéarité du produit scalaire en chacune de ses variables, la propriété 2 de la définition de l'orthogonal d'une partie. L'inclusion provient, grâce à 2, de l'inclusion , l'inclusion de la linéarité du produit scalaire.
Démonstration : Soit une famille de vecteurs non nuls deux à deux orthogonaux : pour , et soit une combinaison linéaire nulle de ces vecteurs. Alors, pour tout :
Bases orthonormées
L'intérêt des bases orthonormales vient de ce que le produit scalaire et la norme ont même expression dans toute base orthonormale : si est une base orthonormale de et et sont deux vecteurs de , alors
De plus les coordonnées d'un vecteur dans une base orthonormée sont données par :
Si on note, pour tout vecteur de , la matrice colonne des composantes de dans la base orthonormée , le produit scalaire et la norme s'écrivent matriciellement :
Tout espace vectoriel euclidien possède des bases orthonormées. Plus précisément le procédé d'orthonormalisation de Gram-Schmidt permet de construire à partir de n'importe quelle base d'un tel espace une base orthonormée.
Démonstration : On commence par construire une base orthogonale vérifiant pour tout . Il suffit ensuite de normer cette base en posant pour tout .
On construit donc, par récurrence sur , une famille de vecteurs deux à deux orthogonaux vérifiant pour tout . Pour , il suffit de poser . Si la famille est construite pour un entier , on cherche de la forme . En écrivant , on obtient pour et on vérifie immédiatement que la famille ainsi construite convient.
La matrice de passage de la base à la base est donc triangulaire supérieure. On peut montrer que la base orthonormée vérifiant ces propriétés est unique si on impose de plus à tous les coefficients diagonaux de cette matrice de passage d'être positifs.
Démonstration : Soit une famille orthonormée. D'après la proposition 4, cette famille est libre. D'après le théorème de la base incomplète, on peut donc la compléter en une base de . En orthonormalisant cette base par le procédé de Gram-Schmidt, on obtient une base orthonormée dont les premiers vecteurs coïncident avec ceux de la famille donnée.
Démonstration : Soit une base orthonormée de . On peut la compléter en une base orthonormée de . Un vecteur est orthogonal à si et seulement si il est orthogonal à puisque ces vecteurs engendrent , donc si et seulement si pour tout . Le sous-espace vectoriel est donc le sous-espace vectoriel de engendré par .
Plus généralement, pour toute partie de , le biorthogonal de est le sous-espace vectoriel de engendré par .
Démonstration : L'inclusion est claire, puisque, pour tout et tout , on a . Mais
Si est une partie quelconque de , l'orthogonal de est aussi l'orthogonal de , d'où
Exemple : orthogonal d'un vecteur, vecteur normal à un hyperplan
Le sous-espace vectoriel de orthogonal à un vecteur non nul est un sous-espace vectoriel de de dimension , i.e. un hyperplan de . C'est aussi le sous-espace vectoriel de orthogonal à la droite vectorielle engendrée par ce vecteur.
De même, le sous-espace vectoriel orthogonal à un hyperplan de est une droite vectorielle de . Tout vecteur non nul de cette droite est dit normal à .
Équation d'un hyperplan : Soit un espace vectoriel euclidien, une base orthonormée de , un hyperplan de et un vecteur normal à . Alors l'équation de dans la base s'écrit :
Projection et symétrie orthogonales
Rappel : si et sont deux sous-espaces vectoriels supplémentaires d'un espace vectoriel , tout vecteur de s'écrit de manière unique sous la forme , avec et . L'application qui à associe est une application linéaire de dans , appelée projection sur dans la direction . Elle vérifie , son image est et son noyau . L'application qui à associe est une application linéaire involutive ( ), donc bijective, de sur , appelée symétrie par rapport à dans la direction . Ces deux applications linéaires sont reliées par la relation .
Le projeté orthogonal sur d'un vecteur de est donc caractérisé par les deux relations et pour tout .
Démonstration : Soit la projection orthogonale sur un sous-espace vectoriel d'un espace vectoriel euclidien . L'orthogonalité des vecteurs et implique , d'où .
Une réflexion est donc, dans le plan, une symétrie orthogonale par rapport à une droite et, dans l'espace, une symétrie orthogonale par rapport à un plan.
Exemple : cas d'une droite, d'un hyperplan
Soit un vecteur non nul de , la droite vectorielle engendrée par et l'hyperplan de orthogonal à , i.e. le supplémentaire orthogonal de . Le projeté orthogonal d'un vecteur de sur est de la forme pour un réel . En écrivant que , on obtient , d'où :
Le projeté orthogonal de sur est donc :
L'image de par la réflexion d'hyperplan est donc
Si (resp. , ) est la matrice colonne des composantes de (resp. , ) dans une base orthonormée , cette relation s'écrit
La matrice dans la base de la réflexion est donc , où est la matrice identité d'ordre .
Ces matrices jouent un rôle important en analyse numérique, où elles sont appelées matrices de Householder.