Les transformations affines sont les transformations géométriques les plus utilisées en géométrie élémentaire. On verra en particulier au chapitre «Géométrie euclidienne» que toute similitude (et en particulier toute isométrie) est une transformation affine. On dira de fait qu'une propriété est affine si elle est conservée par toute transformation affine. En particulier, l'alignement, le parallélisme, le milieu sont des propriétés affines. Par contre l'orthogonalité, les angles, les longueurs ne sont pas des propriétés affines, car elles ne sont pas conservées par toutes les transformations affines (bien qu'elles soient conservées par les isométries).
Définition et premières propriétés
Cette propriété peut encore s'écrire
pour tout point
de
et tout vecteur
.
L'application est alors uniquement déterminée, puisque pour tout vecteur
de
, il existe un (en fait une infinité de) couple
de points de
tel que
. On l'appelle application linéaire associée à
, ou partie linéaire de
.
Une application affine est entièrement déterminée par sa partie linéaire et l'image d'un point, puisque
pour tout point
de
.
Réciproquement, si et
sont deux espaces affines,
un point de
,
un point de
et
une application linéaire de
dans
, il existe une (et une seule) application affine
de
dans
de partie linéaire
vérifiant
.
Exemples :
Si est une application quelconque de
dans
, on ne peut en général pas lui associer d'application de
dans
indépendamment du choix d'une origine : en effet, on peut bien définir, pour tout point
de
, une application
de
dans
par
pour tout vecteur
de
, où
est l'unique point de
tel que
, mais cette application
dépend en général du choix de
. Cependant, il suffit que cette application soit linéaire pour un point
de
pour que
soit affine comme le montre la proposition suivante :
Démonstration : On a, pour tout couple de points de
:
![]() |
![]() |
|
![]() |
||
![]() ![]() |
||
![]() |
Composition
En particulier, on ne change pas la partie linéaire d'une application affine en la composant (à droite ou à gauche) avec une translation.
Démonstration : Il suffit de remarquer que, pour tout couple de points de l'espace de départ de
Caractérisation en termes de barycentres
Démonstration : Si est affine et si
est le barycentre du système
, l'égalité
Réciproquement, montrons que si conserve les barycentres, l'application
considérée à la proposition 20 est linéaire pour tout point
de
. Soient donc
et
deux vecteurs de
,
et
deux réels,
et
les points de
définis par
,
, et
le point de
défini par
. Le point
est le barycentre du système pondéré
. Il en résulte que
est le barycentre du système pondéré
, d'où
![]() |
![]() |
|
![]() |
||
![]() |
Démonstration : Il suffit de remarquer que, d'après la proposition précédente, l'image par une application affine d'un segment
est le segment
.
Image et image réciproque d'un sous-espace affine
Démonstration : Soit un sous-espace affine de
et
un point de
. L'égalité
implique
![]() |
![]() |
|
![]() |
||
![]() |
||
![]() |
Soit un sous-espace affine de
. Si
n'est pas vide, soit
un point de
. Un point
de
appartient à
si et seulement si
appartient à
, i.e. si et seulement si
appartient à
, ou encore si et seulement si
appartient au sous-espace vectoriel
de
, ce qui montre que
est le sous-espace affine de
passant par
et de direction
.
En particulier :
Démonstration : Une application affine d'un espace affine
dans un espace affine
est injective si et seulement si pour tout couple
de points de
,
équivaut à
. Mais
équivaut à
, i.e. à
et
équivaut à
. Il en résulte que
est injective si et seulement si
, i.e. si et seulement si
est injective.
De même est surjective si et seulement si
. Mais
est un sous-espace affine de
de direction
; c'est donc
si et seulement si
, i.e. si et seulement si
est surjective.
Expression dans un repère
1) Repère cartésien
Démonstration : Il suffit de remarquer que
Changement de repère
En appliquant cette formule au cas où et
, on obtient les formules de changement de repère : si
et
sont deux repères cartésiens de
, et si
(resp.
) est le vecteur colonne des coordonnées d'un point
dans le repère
(resp.
), on obtient
, où
est la matrice de passage de la base
à la base
et
le vecteur colonne des coordonnées de l'origine
du nouveau repère
dans l'ancien repère
. Il suffit pour le voir d'appliquer la formule précédente en prenant
, l'espace
étant au départ muni du repère
, et à l'arrivée du repère
. Les vecteurs colonnes de la matrice de passage sont obtenus en exprimant les vecteurs de la nouvelle base
de
dans l'ancienne base
.
Formes affines et hyperplans
2) Repère affine
Démonstration : L'unicité est évidente : si
sont les coordonnées barycentriques normalisées (
) du point
de
dans le repère affine
, son image par
est le point
de
puisqu'une application affine conserve les barycentres.
Pour démontrer l'existence, il suffit de vérifier que l'application de
dans
qui à tout point
(où
) associe le point
de
est affine, et pour cela de vérifier qu'elle conserve les barycentres. Cette propriété résulte de l'associativité du barycentre.
L'application est surjective si et seulement si tout point de
peut s'écrire comme barycentre des points
et elle est injective si et seulement si cette écriture est unique. Ces deux conditions signifient que
est un repère affine de
.
En particulier deux applications affines qui coïncident sur un repère affine sont égales :