Il se trouve que le facteur par lequel on multiplie la fonction
puissance de base pour obtenir sa dérivée,
cette constante que nous avons sournoisement notée
dans le théorème 1, est le logarithme
naturel, ou logarithme népérien de .
Définition 2
Soit un réel strictement positif. On appelle
logarithme naturel de
, et on note la dérivée en 0 de la fonction
.
Théorème 2
- Pour tout , on a :
- Pour tout et
, on a :
- La fonction est strictement croissante, et :
Démonstration : Nous reprenons la notation de la section précédente pour les
fonctions puissances : désigne la fonction
.
- Soient et deux réels strictement
positifs. Considérons la fonction . On a :
On calcule la dérivée de en 0, en dérivant le
produit :
- Soit un réel strictement positif et soient
deux réels quelconques.
Fixons , dérivons par rapport à et prenons la dérivée en
0.
On obtient :
soit
.
- Fixons . D'après le point 2(b) du
théorème 1, la fonction
est strictement croissante.
On en déduit d'une part que est strictement
positif, d'autre part que est
une bijection de
dans
.
La relation
montre que la fonction réciproque de est la fonction qui à
associe
. Cette fonction est donc
strictement croissante et bijective de
dans
.
Les limites en et se déduisent aussi du
point 2(b) du théorème 1.
Il nous reste à définir la fonction exponentielle, qui est la
réciproque du logarithme. D'après le point 3 du
théorème 2, il existe un réel unique, strictement
supérieur à 1, dont le logarithme vaut . On le note
.
Définition 3
On appelle exponentielle, et on note , la fonction qui à
associe
, où
est l'unique réel
tel que
.
Ainsi, on pourra noter l'exponentielle de
indifféremment
ou (la
seconde notation est préférable pour les grosses formules).
Théorème 3
L'exponentielle est la réciproque du logarithme. Les deux fonctions
sont strictement croissantes et dérivables.
et
Démonstration : Puisque
, on a
, par le point 2 du
théorème 2. La dérivée de l'exponentielle est
donnée par le point 4 du théorème 1. On
dérive le logarithme comme une fonction réciproque :
La figure 2 montre les graphes des fonctions
et . Comme elles sont réciproques l'une de l'autre, leurs
graphes sont symétriques par rapport à la première bissectrice.
Figure:
Fonctions et .
|
Comme nous l'avons vu dans la démonstration du théorème
2, le couple de fonctions réciproques
n'est qu'un cas particulier. Pour tout , la fonction puissance de
base admet pour réciproque la fonction
, que l'on appelle le logarithme en base .
À part le logarithme en base
, qui est le logarithme naturel,
les deux bases les plus utilisées sont (logarithme décimal)
et (logarithme binaire). Par définition, le logarithme en base
de est le nombre tel que . Ainsi :
Il est facile de passer du logarithme en base au logarithme
naturel, de même qu'il est facile de passer de l'exponentielle à
une autre fonction puissance, par la formule :
Nous terminons cette section par deux résultats d'approximation de
l'exponentielle. Le premier se redémontre facilement, le second est
absolument fondamental et doit être connu par cur.
Théorème 4
Pour tout réel ,
Démonstration : Pour la première limite, écrivons :
Or et . On en déduit :
et donc,
Comme la fonction est continue, ceci entraîne bien :
Nous démontrons la seconde formule à partir de la première, en
utilisant la formule du binôme de Newton.
Supposons d'abord
.
Fixons
: pour tout
:
Or pour fixé :
En passant à la limite en , on en déduit que pour tout :
Dans cette inégalité, le membre de droite est le terme général
d'une suite croissante et majorée (par
),
donc il converge, et :
D'autre part, observons que pour tout
,
Donc :
Puisque nous savons que le membre de droite converge, on en déduit
par passage à la limite :
D'où le résultat, pour positif ou nul.
Pour négatif,
l'astuce consiste à faire disparaître les termes impairs en
prenant la demi-somme de
et
(nous verrons plus loin que cette demi-somme est le cosinus
hyperbolique de ).
Le même raisonnement que précédemment montre que :
Par linéarité de la limite, on en déduit alors que :
Les résultats d'approximation permettent de calculer les
exponentielles avec une précision arbitraire. Voici le nombre
arrondi à la cinquantième décimale.
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