À part la théologie et l'administration de son domaine, John Napier avait pour hobby les mathématiques. Les logarithmes apparaissent dans Mirifici logarithmorum canonis descriptio en 1614. Voici un extrait de la préface, qui semble avoir été écrit pour vous.
Très illustre amateur de mathématiques, comme rien n'est aussi pénible que la pratique des mathématiques, parce que la logique est d'autant plus freinée, retardée, que les multiplications, les divisions, et les extractions de racines carrées ou cubiques portent sur des grands nombres ; qu'elle est soumise à l'ennui de longues opérations et beaucoup plus encore à l'incertitude des erreurs, j'ai entrepris de rechercher par quel procédé sûr et rapide on pourrait éloigner ces obstacles. Dans ce but, j'en ai examiné soigneusement une grande quantité, les uns après les autres, et enfin j'en ai trouvé plus d'un, clair et d'un emploi facile... À la vérité, aucun, parmi les autres, n'est plus utile que l'un d'eux ; par son moyen, on rejette les nombres utilisés dans les multiplications, les divisions et les extractions de racines lorsqu'elles sont difficiles et prolixes, et on les remplace par d'autres nombres, que j'ai pris soin de leur adjoindre, et l'on achève le calcul par des additions, des soustractions, des divisions par deux et par trois seulement...Le mot «logarithme» a été forgé par Napier lui-même pour traduire «nombre de raisons», «raison» étant pris au sens de rapport dans une suite géométrique. Il les définit comme « des nombres qui correspondent à des nombres proportionnels et ont des différences égales».
Dans les temps de superstitions où il vivait, les connaissances et le comportement de Napier eurent tôt fait de le rendre suspect, et la rumeur commença a circuler qu'il était en cheville avec les forces du mal. D'après la biographie d'un de ses descendants, Napier lui-même aimait en en rajouter, en se promenant avec un coq couvert de suie, ou bien seulement vêtu de sa chemise et de sa coiffe de nuit. Le bon peuple croyait volontiers qu'il passait son temps en grande conversation avec le diable, plutôt que de faire des maths.