Une application entre deux espaces vectoriels est dite linéaire si elle respecte les deux opérations définissant
la structure.
Une application linéaire
de
dans
envoie nécessairement le vecteur nul de
sur le vecteur nul de
. Elle envoie l'opposé de
sur l'opposé de
. La
proposition suivante se démontre facilement, dans le style du
théorème 3.
D'une application entre deux ensembles munis d'une structure (groupes,
anneaux, etc.) qui respecte les structures, on dit qu'elle est un
morphisme.
Définition 9
Soient
et
deux espaces vectoriels et
une application de
dans
. On dit que l'application
est un :

- morphisme si elle est linéaire,

- isomorphisme si elle est linéaire et
bijective,

- endomorphisme si elle est linéaire et
,

- automorphisme si elle est linéaire,
bijective
et
.
Voici quelques exemples d'applications linéaires.

- de
dans
:
Re
Im

- de
dans
:

- de
dans
:

- de
dans
:

- de
dans
:

- de
dans
:

- de
dans
:

- de
dans
:

- de l'espace vectoriel des suites convergentes, dans
:

- de l'espace vectoriel des fonctions continûment dérivables,
dans l'espace vectoriel des fonctions continues :

- de l'espace vectoriel des fonctions continues sur
,
dans
:
Le fait qu'une application linéaire respecte les combinaisons linéaires
entraîne qu'elle respecte aussi les sous-espaces vectoriels, au
sens suivant.
L'ensemble des images par une application linéaire des éléments
d'un espace vectoriel est un sous-espace vectoriel de l'espace
d'arrivée (point 1). L'ensemble des éléments de l'espace
de départ dont l'image par une application linéaire est dans un
sous-espace de l'espace d'arrivée, est un sous-espace de l'espace de
départ (point 2).
Attention à la notation
:
elle a un sens même si
l'application
n'est pas bijective et donc même si
l'application réciproque
n'existe pas.
Démonstration : Pour montrer qu'un sous-ensemble est un sous-espace vectoriel, il
suffit de vérifier qu'il est non vide, et
que toute combinaison linéaire de deux de ses
vecteurs reste dans l'ensemble (théorème 3).
Rappelons que tout sous-espace vectoriel contient au moins le vecteur
nul, et que si
est linéaire alors
. Donc le vecteur nul
de
appartient à
et celui de
appartient à
. Les deux ensembles
et
sont donc non
vides.
- Deux vecteurs quelconques de
s'écrivent
, où
. Etant donnés deux réels
et
,
est l'image par
de
qui est
un vecteur de
.
- Si
et
sont tels que
et
appartiennent à
,
alors
. Donc
.
Parmi les cas particuliers du théorème 6,
l'image et
le noyau jouent un rôle important.
La notation Ker vient de l'allemand, où noyau se dit «Kern».
Proposition 9
Soient
et
deux espaces vectoriels et
une application
linéaire de
dans
. L'application
est
- surjective si et seulement si
Im
- injective si et seulement si
Ker
Démonstration : La caractérisation de la surjectivité est une simple traduction
des définitions. Celle de l'injectivité utilise la linéarité.
Soient
et
deux éléments de
.

Ker
Par définition,
est injective si et seulement si
implique
, donc si et seulement si
Ker
implique
, d'où le résultat.
Considérons la dérivation des polynômes. C'est
l'application
de
dans
qui à un
polynôme associe son polynôme dérivé.
C'est une application linéaire. L'image de
est
tout
entier (
est surjective), le noyau de
est l'ensemble des
polynômes constants (
n'est pas injective).
Une telle situation, où l'espace de départ et l'image sont les
mêmes tandis que le noyau est non nul,
est impossible entre espaces vectoriels de
dimension finie.
Reprenons l'exemple de la dérivation des polynômes, mais cette
fois-ci vue comme une application de l'espace
des
polynômes de degré
dans
lui-même. L'espace est de dimension
, et la base canonique
est
. L'application
envoie ces
polynômes, respectivement sur
.
Ils engendrent l'espace vectoriel des polynômes de degré
, qui est de dimension
. Le noyau de
est
, et
l'image de
est
.
En dimension finie, la dimension de l'espace de départ est la somme
de la dimension de l'image et de la dimension du noyau : c'est le
théorème du rang.
Démonstration : celle que nous donnons ici est
basée sur la notion de supplémentaire.
Soit
une base de
. Donc
est une famille génératrice
de
Im
. Donc
Im
est finiment engendré, et
admet une base. Chacun des éléments de cette base est image d'un
vecteur de
. Notons donc
une base
de
Im
. La famille
est libre, car sinon
son image par
serait liée. Soit
le sous-espace de
,
engendré par
. Nous allons montrer que
est un supplémentaire de
Ker
dans
, ce qui implique
le résultat.
Soit
un vecteur quelconque de
.
Comme
est un vecteur de
Im
, il s'écrit :
Posons :
Alors :
Donc
Ker
. Donc
est somme d'un vecteur de
Ker
et d'un vecteur de
. Pour montrer que la somme est
directe, nous devons montrer que l'intersection est réduite au
vecteur nul. Prenons un vecteur de
sous la forme :
S'il appartient aussi à
Ker
, son image est nulle :
Mais puisque
est une famille
libre, ceci entraîne que les
sont tous nuls, donc
est le vecteur nul.
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