Comme application des notions de ce chapitre, nous proposons d'étudier
l'ensemble des solutions de l'équation de récurrence suivante :
où et sont deux réels fixés.
L'exemple le plus simple
est l'équation définissant les nombres de Fibonacci,
. Nous notons l'ensemble des suites de
réels qui vérifient
. Dire que
est linéaire revient à dire que
est un espace vectoriel.
Proposition 12
L'ensemble des suites de réels vérifiant
est un espace
vectoriel de dimension .
Démonstration : Commençons par vérifier que est un sous-espace vectoriel de
l'ensemble des suites de réels. Nous en donnerons ensuite une base.
Soient et deux suites vérifiant
,
deux réels.
et
impliquent :
Donc
vérifie
. D'où le résultat en
appliquant le théorème 2. On peut aussi démontrer que
l'application qui à une suite quelconque associe la suite de
terme général
est une
application linéaire. L'ensemble est le noyau de cette
aplication. C'est donc un sous-espace vectoriel de
, par le théorème 6.
Considérons maintenant les deux suites et ,
vérifiant
et telles que
et
Soit une suite quelconque vérifiant
. La suite
est définie de façon unique par la donnée de
et l'équation
. Donc la suite est égale à la
combinaison linéaire
: la famille
est génératrice. Supposons que soit la suite
nulle. Alors . Donc la famille
est libre : c'est une base.
Pour trouver une expression explicite aux solutions de
, nous
allons trouver une autre base.
Nous commençons par écarter le cas où
: dans
ce cas, les suites solutions de
sont nulles à partir du rang
2. Nous supposons désormais que et ne sont pas tous
les deux nuls. Cherchons quelles
suites géométriques vérifient
. Supposons que
vérifie
. Alors,
C'est vrai si est nul, ou bien s'il est solution de l'équation du
second degré suivante, qu'on appelle l'équation caractéristique associée.
Démonstration : Puisque l'espace vectoriel est de dimension , il suffit dans
chacun des trois cas de montrer que les deux suites proposées
vérifient
et
forment une famille libre.
Dans le premier cas, les deux suites
vérifient
car et sont racines de .
Pour montrer qu'elles forment une famille libre, supposons que la suite
soit nulle. Les deux premiers termes
sont :
et
Puisque
, ce système de deux équations a
une solution unique,
.
Dans le second cas la racine double est
et elle est non
nulle, le cas
étant écarté.
Il est évident que
vérifie
. On le vérifie facilement pour . Pour
montrer que la famille est libre, supposons que la suite
soit nulle. Les deux premiers termes sont :
et
Donc (puisque ),
.
Traitons maintenant le dernier cas : a deux racines complexes
conjuguées
et
. Les suites (complexes)
et
vérifient
.
Leur somme et leur différence
sont :
et
On en déduit que les deux suites proposées vérifient
.
Pour montrer que la famille est libre, supposons que la suite
soit nulle. Les deux premiers termes sont :
On en déduit donc que
, donc car
est non nul (sinon les racines de seraient
réelles).
Comme premier exemple, considérons l'équation définissant les
nombres de Fibonacci :
L'équation caractéristique associée
est
Elle a deux racines réelles distinctes, et , où
est le nombre d'or :
L'ensemble des suites réelles vérifiant
est donc
Les nombres de Fibonacci sont définis par
, avec et
. Pour calculer les coordonnées et de cette
suite, il faut résoudre le système
On en déduit l'expression suivante du -ième nombre de Fibonacci :
(Persuadez-vous que est bien un entier !)
Considérons maintenant l'équation suivante.
L'équation caractéristique associée est :
Ses racines sont :
et
Toute solution réelle de l'équation de récurrence s'écrit :
Les solutions sont périodiques de période .
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