La première technique de calcul consiste à utiliser la
linéarité pour séparer l'intégrale d'une somme en une somme
d'intégrales. L'exemple le plus simple est celui des polynômes.
On peut aussi intégrer
des polynômes en et , ou
bien et . On utilise pour cela les
formules d'Euler, et les propriétés de l'exponentielle (réelle
ou complexe).
Le principe est le suivant : tout polynôme en et
est une combinaison linéaire de termes de la forme
, qu'il s'agit de linéariser,
en les exprimant eux-mêmes
comme combinaisons linéaires de termes en et ,
dont on connaît une primitive. Voici un exemple.
D'où une primitive de
:
Observons que les questions de parité permettent de prévoir a
priori que la linéarisation ne contiendra que des . En
effet,
est une fonction impaire et
une fonction
paire. Donc si on remplace par ,
sera
inchangé si est pair, changé en son opposé si est
impair. Dans le premier cas, la linéarisation ne contiendra que des
cosinus, dans le second cas, elle ne contiendra que des sinus.
La même technique s'utilise aussi pour les cosinus et sinus
hyperboliques.
Comme autre application de l'exponentielle complexe, signalons la
possibilité d'intégrer des expressions du type
ou
, en les
exprimant comme parties réelles ou imaginaires d'exponentielles
complexes, que l'on peut intégrer formellement comme des
exponentielles réelles. Voici un exemple.
Re
Or une primitive (formelle) de
est :
La partie réelle de cette expression est :
qui est donc une primitive de
.
La seconde technique de calcul à connaître est l'intégration
par parties :
Il faut penser à une intégration par parties quand l'un des
facteurs de la fonction à intégrer a une dérivée plus simple,
essentiellement un polynôme (dériver diminue le degré),
(dérivée ),
(dérivée
) ou
(dérivée ). Encore faut-il connaître une
primitive de l'autre facteur. Par exemple, pour
:
La technique de calcul d'intégrales (ou de primitives)
la plus importante est le changement de variable.
Il est fortement déconseillé de retenir la formule par
cur.
Un changement de variable doit se penser de la manière
suivante.
- Je souhaite remplacer par .
- J'exprime en fonction de :
(je m'assure
que est bien une bijection).
- J'exprime
en fonction de et
en dérivant
l'expression de fonction de :
.
- J'ajuste les bornes de l'intervalle d'intégration : si
varie de à , alors varie de à
. (Cet ajustement des bornes est la raison pour laquelle il
est conseillé de calculer une primitive comme une intégrale de
à ).
- Je remplace et
par leurs valeurs en fonction de
et
.
Comme exemple, nous allons traiter trois primitives d'un type
fréquent, comportant la racine carrée d'un trinôme.
Voici la première.
Notons que la fonction à intégrer est définie sur
tout entier.
La première étape consiste à mettre le trinôme sous forme
canonique, de manière à faire apparaître l'une des trois expressions
,
ou
. Nous sommes ici
dans le premier cas.
Nous devons donc poser :
On obtient :
Voici une situation proche, mais qui du fait des signes
rencontrés dans le trinôme, conduit à des résultats différents.
La fonction à intégrer est définie sur
. Nous devons donc supposer que
l'intervalle est soit inclus dans
, soit dans
.
La mise du trinôme sous forme canonique donne :
Nous devons donc poser :
On obtient :
Comme prévu, les primitives ne sont définies que pour
ou . Remarquez que le signe de
dépend de l'intervalle sur lequel on se
trouve : il est négatif sur
, positif sur
.
Voici le dernier cas que l'on peut rencontrer selon le signe du trinôme.
La fonction à intégrer n'est définie que sur l'intervalle
. Nous devons donc supposer que l'intervalle est
inclus dans .
La mise du trinôme sous forme canonique donne :
Nous devons donc poser :
On obtient :
Comme prévu, les primitives ne seront définies que pour
.
Nous verrons plus loin d'autres applications classiques des changements
de variable. Il n'est pas toujours facile de deviner le bon changement
de variable. Pour cela, il faut se laisser guider
par l'expression de : si elle contient une
fonction et sa dérivée , il pourra être
judicieux de poser . Dans le cas le plus favorable, la
fonction se met sous la forme
,
qui est la dérivée de
. Il suffira donc de connaître une primitive de . Ceci ne relève pas directement du
théorème 4, et s'applique d'ailleurs même si
n'est pas monotone. Voici
un exemple, avec
, et
.
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