Exercices

Exercice 1   On considère un triplet naturel $ (O,\mathcal{N},s)$.
  1. Montrer que $ (s(O),\mathcal{N}\setminus\{O\},s)$ est un triplet naturel.
  2. On note $ s^2$ l'application composée $ s\circ s$. Soit $ \mathcal{P}$ une propriété définie sur $ \mathcal{N}$ telle que $ \mathcal{P}(O)$ est vraie, $ \mathcal{P}(s(O))$ fausse et :

    $\displaystyle \forall a\in \mathbb{N}\;,\quad P(a)\;\Longrightarrow\; P(s^2(a))\;.
$

    On note $ \mathcal{N}_2$ l'ensemble des éléments de $ \mathcal{N}$ tels que $ \mathcal{P}(a)$ est vraie. Montrer que $ \mathcal{N}_2$ est un ensemble non majoré.
  3. Montrer que $ (O,\mathcal{N}_2,s^2)$ est un triplet naturel.
  4. On note $ s^0$ l'application identique, et on définit par récurrence $ s^n$ comme l'application composée $ s\circ s^{n-1}$, pour $ n\geqslant 1$. Définir l'application successeur $ \sigma$ telle que $ (s^0, \{s^n ,\;n\in\mathbb{N}\},\sigma)$ soit un triplet naturel.

Exercice 2   On dit qu'un ensemble $ A$ est infini s'il existe une application injective de $ A$ vers un sous-ensemble de $ A$ différent de $ A$.
  1. Montrer que $ \mathbb{N}$ est infini.
  2. Montrer que tout sous-ensemble de $ \mathbb{N}$ non majoré est infini.
  3. Soit $ A$ un ensemble tel qu'un de ses sous-ensembles soit infini. Montrer que $ A$ est infini.
  4. Soit $ A$ un ensemble infini. Montrer que le complémentaire de tout sous-ensemble fini de $ A$ est infini.
  5. Soit $ A$ un ensemble infini, et $ O$ un élément de $ A$. Construire un sous-ensemble $ \mathcal{N}$ et une application $ s$ tels que $ (O,\mathcal{N},s)$ soit un triplet naturel.
  6. Montrer qu'un ensemble $ A$ est infini si et seulement si il existe une application injective de $ \mathbb{N}$ dans $ A$.

Exercice 3    
  1. Écrire dans les bases $ 2$, $ 3$, $ 4$, $ 5$, $ 8$, $ 16$ le nombre qui s'écrit $ 2345816$ en base $ 10$.
  2. Écrire en base $ 10$ le nombre qui s'écrit $ \overline{12345}$ en base $ 8$.
  3. Écrire en base $ 10$ le nombre qui s'écrit $ \overline{ABCDEF}$ en base $ 16$.
  4. Écrire en base $ 4$, puis $ 8$, puis $ 16$ le nombre qui s'écrit $ \overline{1001101011101}$ en base $ 2$ (sans passer par la base $ 10$).
  5. Écrire en base $ 2$ le nombre qui s'écrit $ \overline{ABCDEF}$ en base $ 16$ (sans passer par la base $ 10$).
  6. En base $ 16$, quel est le successeur du nombre $ \overline{EFFEF}$ ?
  7. En base $ 16$, quel est le prédécesseur du nombre $ \overline{A0000}$ ?

Exercice 4   Soit $ E=\mathbb{R}^2\setminus\{(0,0)\}$. Soit $ \mathcal{R}$ la relation sur $ E$ définie par :

$\displaystyle (x,y)\mathcal{R}(x',y')\;\Longleftrightarrow\; \Big( \exists
\lambda\in\mathbb{R} ,\;(x,y)=\lambda(x',y') \Big)\;.
$

  1. Montrer que $ \mathcal{R}$ est une relation d'équivalence.
  2. Montrer que l'ensemble quotient $ E/\mathcal{R}$ est en bijection avec les droites vectorielles du plan.
  3. Pour tout $ (x,y)\in E$, on note $ \overline{(x,y)}$ sa classe d'équivalence pour $ \mathcal{R}$. On considère l'application $ f$, de $ \mathbb{R}$ dans $ E/\mathcal{R}$, qui à $ x$ associe $ \overline{(x,1)}$. Montrer que $ f$ est injective et déterminer $ \mathrm{Im}(f)$.
  4. L'addition vectorielle sur $ E$ induit-elle une loi de composition interne sur $ E/\mathcal{R}$ ?
  5. Soient $ (a,b,c,d)$ quatre réels tels que $ ad-bc\neq
0$. On considère l'application $ g$ de $ \mathbb{R}^2$ dans $ \mathbb{R}^2$ qui à $ (x,y)$ associe $ (ax+by,cx+dy)$.
    1. Montrer que $ g$ est une bijection de $ \mathbb{R}^2$ dans $ \mathbb{R}^2$, et qu'elle induit une bijection de $ E$ dans $ E$.
    2. Montrer que

      $\displaystyle \forall (x,y),(x',y')\in E\;,\quad (x,y)\mathcal{R}(x',y')
\;\Longrightarrow\;
g(x,y)\mathcal{R} g(x',y')\;.
$

    3. En déduire que $ g$ induit une bijection de $ E/\mathcal{R}$ dans lui-même.

Exercice 5   Soit $ d\in\mathbb{N}^*$ un nombre fixé. On note $ \mathbb{D}$ l'ensemble des «$ d$-cimaux», à savoir l'ensemble des éléments de $ \mathbb{Q}$ multiples entiers d'une puissance de $ d$.

$\displaystyle \mathbb{D} = \{  nd^{m} ,\;(n,m)\in\mathbb{Z}^2 \}\;.
$

  1. Montrer que $ (\mathbb{D},+,\times)$ est un sous-anneau de $ (\mathbb{Q},+,\times)$. Est-ce un sous-corps ?
  2. On considère le sous-ensemble de $ \mathbb{D}^\mathbb{N}$, formé des suites de Cauchy à valeurs dans $ \mathbb{D}$. On le note $ \mathcal{D}$. On le munit de la multiplication et de l'addition terme à terme. Montrer que $ (\mathcal{D},+,\times)$ est un sous-anneau de $ (\mathcal{C},+,\times)$ (suites de Cauchy à valeurs dans $ \mathbb{Q}$).
  3. Soit $ \mathcal{D}_0$ l'ensemble des suites de Cauchy à valeurs dans $ \mathbb{D}$, dont la limite est 0. Montrer que $ \mathcal{D}_0$ est un idéal de $ \mathcal{D}$.
  4. Montrer que l'anneau quotient $ \mathcal{D}/\mathcal{D}_0$ est un corps commutatif, noté $ \mathbb{K}$.
  5. On note $ \mathcal{D}^+$ et $ \mathcal{D}^-$ les intersections de $ \mathcal{D}$ avec $ \mathcal{C}^+$ et $ \mathcal{C}^-$. Montrer que $ \mathcal{D}^+\cap \mathcal{D}^-=\mathcal{D}_0$, et que $ \mathcal{D}^+\cup\mathcal{D}^-=\mathcal{D}$.
  6. On considère la relation $ \preceq$ sur $ \mathcal{D}$ définie par $ ((u_n)\preceq (v_n))\;\Longleftrightarrow\; (v_n-u_n)\in
\mathcal{D}^+$. Montrer que cette relation est compatible avec le quotient par $ \mathcal{D}_0$, et qu'elle définit donc une relation d'ordre sur $ \mathbb{K}$ encore notée $ \preceq$.
  7. Montrer que $ \mathbb{K}$ muni de la relation $ \preceq$ est un corps totalement ordonné et archimédien.
  8. On note $ I$ l'injection canonique de $ \mathcal{D}$ dans $ \mathcal{C}$. Montrer que $ I$ passe au quotient en une injection canonique de $ \mathbb{K}$ dans $ \mathbb{R}$.
  9. On appelle suite d'approximation $ d$-cimale, toute suite $ (u_n)$ d'éléments de $ \mathbb{D}$ telle que :

    $\displaystyle \forall n\in\mathbb{N} ,\; u_n\leqslant u_{n+1}< u_n+d^{-n}\;.$

    Montrer que toute suite d'approximation $ d$-cimale appartient à $ \mathcal{D}$.
  10. Soit $ x$ un réel. Pour tout $ n\in\mathbb{N}$, on pose $ u_n=d^{-n}\lfloor
x d^n\rfloor$. Montrer que la suite $ (u_n)_{n\in\mathbb{N}}$ est une suite d'approximation $ d$-cimale, et qu'elle converge vers $ x$ dans $ \mathbb{R}$. En déduire que $ \mathbb{K}=\mathbb{R}$.
  11. Soit $ x$ un réel compris entre 0 et $ 1$. Pour tout $ m\geqslant 1$, on définit $ c_m=\lfloor d^m x\rfloor-d\lfloor d^{m-1}x \rfloor$. Montrer que $ c_m\in \{0,\ldots,d-1\}$. La suite $ (c_m)$ est le développement $ d$-cimal de $ x$. Montrer que la suite de terme général $ c_1 d^{-1}+\ldots+c_m d^{-m}$ est une suite d'approximation $ d$-cimale et qu'elle converge vers $ x$.
  12. Montrer qu'un réel $ x$ est un rationnel si et seulement si son développement $ d$-cimal est périodique.
  13. Soit $ x$ un réel compris entre 0 et $ 1$ et $ (c_n)$ son développement $ d$-cimal. Soient $ p(x)$ et $ i(x)$ les deux réels donc les développements $ d$-cimaux sont les suites $ (c_{2n})_{n\in\mathbb{N}}$ et $ (c_{2n+1})_{n\in\mathbb{N}}$. Montrer que l'application $ x\longmapsto
(p(x),i(x))$ est une bijection de $ [0,1]$ dans $ [0,1]^2$.
  14. On se place désormais dans le cas $ d=3$. On appelle ensemble de Cantor et on note $ \mathbb{T}$, l'ensemble des réels $ x$ compris entre 0 et $ 1$, tels que pour tout $ n$, l'entier $ \lfloor x 3^n\rfloor$ vaut 0 ou $ 2$. Construire une bijection entre $ \mathbb{T}$ et l'intervalle $ [0,1]$. (Indication : transformer un développement $ 3$-cimal en un développement $ 2$-cimal).
  15. Soit $ m\in\mathbb{N}^*$ un entier. Soit $ \mathbb{T}_m$ l'ensemble des éléments de $ \mathbb{D}$ :

    $\displaystyle \mathbb{T}_m = \{  c_13^{-1}+\cdots c_m3^{-m} ,\;c_1,
\ldots c_m\in\{0,2\} \}\;.
$

    Montrer que $ \mathbb{T}_m$ est une réunion finie d'intervalles de longueur $ 1/3^m$. En déduire la mesure de Lebesgue de $ \mathbb{T}_m$.
  16. Montrer que pour tout $ m\in\mathbb{N}^*$, $ \mathbb{T}\subset
\mathbb{T}_n$. En déduire que la mesure de Lebesgue de $ \mathbb{T}$ est nulle.

Exercice 6   Soit $ \mathbb{K}$ un corps totalement ordonné. On appelle coupure de Dedekind un couple $ (A,B)$ de sous-ensembles de $ \mathbb{K}$ vérifiant :
(i)
$ A\neq \emptyset$, $ B\neq \emptyset$,
(ii)
$ A\cap B=\emptyset$
(iii)
$ A\cup B=\mathbb{K}$
(iv)
$ \forall x\in A ,\;\forall y\in \mathbb{B} ,\; x<y$
(v)
$ A$ ne possède pas de plus grand élément.
  1. Soit $ r\in \mathbb{K}$. On note $ A_r=\{x\in\mathbb{K} ,\;x<r\}$, et $ \overline{A_r}$ son complémentaire. Montrer que le couple $ (A_r,\overline{A_r})$ est une coupure de Dedekind.
  2. Soit $ (A,B)$ une coupure de Dedekind. Montrer qu'il existe au plus un $ r\in \mathbb{K}$ tel que $ A=A_r$.
  3. Pour $ \mathbb{K}=\mathbb{R}$ : montrer que si $ (A,B)$ est une coupure de Dedekind, alors il existe $ r\in\mathbb{R}$ tel que $ A=A_r$.
  4. Pour $ \mathbb{K}=\mathbb{Q}$ : montrer que le couple $ (A,B)$ défini comme suit est une coupure de Dedekind.

    $\displaystyle A=\{x\in \mathbb{Q} ,\;x\leqslant 0$    ou $\displaystyle x^2<2\}$   et$\displaystyle \quad
B=\{y\in \mathbb{Q} ,\;y>0$ et $\displaystyle y^2\geqslant 2\}\;.
$

  5. Retour au cas général : montrer que si $ (A,B)$ est une coupure de Dedekind alors

    $\displaystyle \forall x\in \mathbb{K} ,\; \Big((a\in A) \wedge 
(x\leqslant a)\Big)
\;\Longrightarrow\;
x\in A\;,
$

    et

    $\displaystyle \forall y\in \mathbb{K} ,\; \Big((b\in B) \wedge 
(y\geqslant b)\Big)
\;\Longrightarrow\;
y\in B\;.
$

  6. Soient $ (A,B)$ et $ (C,D)$ deux coupures de Dedekind. On définit la relation $ \preceq$ en posant :

    $\displaystyle (A,B)\preceq (C,D)
\;\Longleftrightarrow\;
A\subset C\;.
$

    Montrer que $ \preceq$ est une relation d'ordre total sur l'ensemble des coupures de Dedekind.
  7. Soient $ r$ et $ s$ deux éléments de $ \mathbb{K}$. Montrer que

    $\displaystyle (A_r,\overline{A_r})\preceq
(A_s,\overline{A_s})
\;\Longleftrightarrow\;
r\leqslant s\;.
$

  8. Montrer que l'ensemble des coupures de Dedekind, muni de l'ordre $ \preceq$, possède la propriété de la borne supérieure.
  9. Désormais, $ \mathbb{K}=\mathbb{Q}$. On définit l'addition de deux sous-ensembles $ A$ et $ C$ de $ \mathbb{Q}$ par :

    $\displaystyle A\oplus C = \{ a+c ,\;a\in A ,\;c\in C \}\;,
$

    et l'addition des coupures de Dedekind par :

    $\displaystyle (A,\overline{A})\oplus(C,\overline{C}) = (A\oplus C,\overline{A+C})\;.
$

    Montrer que si $ r$ et $ s$ sont deux rationnels, alors $ (A_r,\overline{A_r})\oplus(A_s,\overline{A_s})=(A_{r+s},\overline{A_{r+s}})$. Montrer que l'ensemble de coupures de Dedekind, muni de cette addition est un groupe commutatif.
  10. Procéder comme dans la question précédente pour définir la multiplication $ \otimes$ des coupures de Dedekind (attention aux nombres négatifs). Montrer que si $ r$ et $ s$ sont deux rationnels, alors $ (A_r,\overline{A_r})\otimes(A_s,\overline{A_s})=(A_{rs},\overline{A_{rs}})$. Montrer que l'ensemble de coupures de Dedekind, muni de $ \oplus$ et $ \otimes$ est un corps commutatif.
  11. Montrer que ce corps est archimédien et complet.
  12. En déduire qu'il est isomorphe à $ \mathbb{R}$.

Exercice 7    
  1. On munit $ \mathbb{R}^2$ des deux lois de composition interne définies par :

    $\displaystyle (x,y)\oplus(x',y')=(x+x',y+y')$   et$\displaystyle \quad
(x,y)\otimes (x',y') = (xx'-yy',xy'+yx')\;.
$

    Montrer que $ (\mathbb{R}^2,\oplus,\otimes)$ est un corps, isomorphe à $ \mathbb{C}$.
  2. On considère le sous-ensemble $ E$ suivant de $ \mathcal{M}_{2,2}(\mathbb{R})$ :

    $\displaystyle E = \left\{ \left(\begin{array}{rr}a&-b b&a\end{array}\right) ,\;
(a,b)\in\mathbb{R}^2 \right\}\;.
$

    Montrer que $ E$, muni de l'addition et de la multiplication matricielles est un corps, isomorphe à $ \mathbb{C}$.

Exercice 8   Montrer qu'il n'existe pas de relation d'ordre total sur $ \mathbb{C}$ qui prolonge la relation d'ordre sur $ \mathbb{R}$ et qui soit compatible avec la somme et le produit c'est-à-dire telle que :
$ \bullet$
$ a\leq b$ et $ c\leq d$ entraîne $ a+c\leq c+d$, et
$ \bullet$
$ a\leq b$ et $ 0\leq c$ entraîne $ ac\leq bc$.

Exercice 9    
  1. On considère le sous-ensemble $ \mathbb{H}$ suivant de $ \mathcal{M}_{2,2}(\mathbb{C})$ :

    $\displaystyle E = \left\{ \left(\begin{array}{rr}
a+b\mathrm{i}&-c+d\mathrm{i}...
...i}&a-b\mathrm{i}
\end{array}\right) ,\;
(a,b,c,d)\in\mathbb{R}^4 \right\}\;.
$

    Montrer que $ \mathbb{H}$, muni de l'addition et de la multiplication matricielles est un corps non commutatif (c'est le corps des quaternions).
  2. On pose :

    $\displaystyle 1=\left(\begin{array}{rr}1&0 0&1\end{array}\right) ,\;
I=\left...
...,,\;
K=\left(\begin{array}{cc}0&\mathrm{i} \mathrm{i}&0\end{array}\right)\;.
$

    Vérifier que $ \mathbb{H}$ est un $ \mathbb{R}$-espace vectoriel de dimension $ 4$, dont $ (1,I,J,K)$ est une base.
  3. Calculer $ I^2$, $ J^2$, $ K^2$, $ IJ$, $ IK$, $ KJ$, $ IJK$.
  4. On munit $ \mathbb{R}^4$ de sa base canonique, que l'on note $ (e_1,e_i,e_j,e_k)$. On munit $ \mathbb{R}^4$ de l'addition vectorielle $ +$. Montrer que les trois propriétés suivantes définissent une loi de composition interne $ \times$ sur $ \mathbb{R}^4$.
    i)
    $ \times$ est distributive par rapport à $ +$ ;
    ii)
    $ e_1$ est élément neutre pour $ \times$ ;
    iii)
    $ e_i\times e_i = e_j\times e_j = e_k\times e_k =
e_i\times e_j\times e_k = -e_1$.
  5. Montrer que $ (\mathbb{R}^4,+,\times)$ est un corps non commutatif, isomorphe à $ \mathbb{H}$.
  6. On considère le sous-ensemble $ \mathbf{H}$ de $ \mathcal{M}_{4,4}(\mathbb{R})$, formé des matrices de la forme

    $\displaystyle M(a,b,c,d) = \left(\begin{array}{rrrr}
a&-b&-c&-d\\
b&a&-d&c\\
c&d&a&-b\\
d&-c&b&a
\end{array}\right)\;,
$

    pour tout $ (a,b,c,d)\in\mathbb{R}^4$. Montrer que $ \mathbf{H}$, muni de l'addition et de la multiplication matricielles est un corps non commutatif, isomorphe à $ \mathbb{H}$.

Exercice 10   Soit $ K$ un anneau commutatif. On dit qu'un élément $ d$ de $ K$ est un carré dans $ K$ s'il existe un élément $ x\in K$ tel que $ x^2=x\times
x=d$. Soit $ K$ un anneau commutatif et $ d$ un élément de $ K$ qui n'est pas un carré dans $ K$. On note $ L$ le produit cartésien $ K\times K$.
  1. Supposons qu'il existe un anneau $ A$ contenant $ K$ dans lequel l'équation $ x^2=d$ possède au moins une solution. Notons $ \omega$ une des solutions de cette équation. Soit $ f$ l'application de $ L$ dans $ A$ qui à $ (x,y)$ associe $ x+\omega y$. Notons $ A'=\mathrm{Im}(f)$. Montrer que $ A'$ est un sous-anneau de $ A$ contenant $ K$, dans lequel l'équation $ x^2=d$ possède au moins une solution.
  2. Montrer que si $ K$ est un corps, alors $ f$ est injective.
  3. On définit sur $ L$ deux lois de composition interne par :

    $\displaystyle (x,y)\oplus (x',y')=(x+x',y+y'),$ (11)

    $\displaystyle (x,y)\otimes (x',y')=(xx'+dyy',xy'+x'y).$ (12)

    Montrer que $ (L,\oplus,\otimes)$ est un anneau commutatif. On le note $ K[d]$, et on l'appelle extension quadratique de $ K$.
  4. Soit $ j$ l'application de $ K$ dans $ L$ qui à $ x$ associe $ (x,0)$. Montrer que $ j(K)$ est un sous-anneau de $ L$, et que $ j$ est un isomorphisme d'anneaux de $ K$ sur $ j(K)$.
  5. Notons $ \omega$ l'élément $ (0,1)$ de $ L$. Vérifier que $ \omega^2=(0,1)\otimes(0,1)=d$.
  6. Vérifier que pour tout $ (x,y)\in L$, $ (x,y)=j(x)+\omega j(y)$.
  7. Montrer que si $ K$ est un corps, alors $ K[d]$ est un corps.
  8. Vérifier que $ \mathbb{R}[\mathrm{i}]$ est isomorphe à $ \mathbb{C}$.

Exercice 11   Soit $ \mathbb{Z}[\mathrm{i}]$ l'ensemble des nombres complexes de la forme $ a+\mathrm{i}
b$ avec $ a$ et $ b$ éléments de $ \mathbb{Z}$.
  1. Montrer que $ \mathbb{Z}[\mathrm{i}]$ est un sous-anneau de $ \mathbb{C}$.
  2. Soit $ z$ un élément de $ \mathbb{Z}[\mathrm{i}]$. Montrer que le conjugué $ \overline{z}$ de $ z$ appartient à $ \mathbb{Z}[i]$ et que $ \vert z\vert^2$ appartient à $ \mathbb{N}$.
  3. Soit $ z$ un élément de $ \mathbb{Z}[\mathrm{i}]$. Montrer que $ z$ appartient au groupe $ \mathbb{Z}[\mathrm{i}]^\ast$ des unités de $ \mathbb{Z}[\mathrm{i}]$ si et seulement si $ \vert z\vert=1$.
  4. Déterminer le groupe $ \mathbb{Z}[\mathrm{i}]^\ast$.
  5. Montrer que pour tout $ z$ élément de $ \mathbb{C}$, il existe un élément $ z_0$ de $ \mathbb{Z}[\mathrm{i}]$ tel que $ \vert z-z_0\vert^2\le\frac12$.
  6. Prouver que pour tous $ z_0$ et $ z_1$ éléments de $ \mathbb{Z}[\mathrm{i}]$ avec $ z_{1}\neq0$, il existe des éléments $ a_{0}$ et $ a_1$ de $ \mathbb{Z}[\mathrm{i}]$ tels que $ z_0=a_0z_1+a_1$ avec $ \vert a_1\vert<\vert z_1\vert$.
  7. Montrer que $ \mathbb{Z}[\mathrm{i}]$ est un anneau principal.

Exercice 12   L'objet de cet exercice est de prouver que $ \mathbb{Z}[\sqrt {10}]$ n'est pas un anneau principal.
  1. Prouver que l'équation $ 10 y^2=x^2$ n'a pas de solution $ (x,y)$ dans $ \mathbb{Z}^{2}$ à part $ x=y=0$.

  2. Déterminer l'ensemble des carrés modulo $ 10$ : un élément $ y$ de $ \mathbb{Z}/10\mathbb{Z}$ est un carré modulo $ 10$ s'il existe un élément $ x$ de $ \mathbb{Z}/10\mathbb{Z}$ tel que $ y=x^{2}$.

  3. Prouver qu'il n'existe pas de couple $ (x,y)$ dans $ \mathbb{Z}^{2}$ tel que $ 10y^2=x^2+3$ ou $ 10y^2=x^2-3$.

  4. Soit $ v=\sqrt{10}$ tel que $ v^2=10$ et $ A$ l'ensemble des $ x+yv$ pour $ x$ et $ y$ éléments de $ \mathbb{Z}$. Prouver que $ A$ est un sous-anneau de $ K$ et que pour tout élément $ a$ de $ A$, les entiers $ x$ et $ y$ tels que $ a=x+yv$ sont uniques. On note souvent $ A=\mathbb{Z}[\sqrt{10}]$.

  5. Soit $ c : A\to A$ définie par $ c(x+yv)=x-yv$, pour tous $ x$ et $ y$ entiers. Montrer que $ c$ est un endomorphisme d'anneau et que les seuls points fixes de $ c$ sont les éléments de $ \mathbb{Z}$.

  6. Expliciter $ ac(a)$ en fonction des coordonnées $ (x,y)$ de $ a=x+yv$. En déduire qu'il n'existe pas d'élément $ a$ de $ A$ tel que $ \vert ac(a)\vert=3$.

  7. Soit $ n: A\to A$ définie par $ n(a)=ac(a)$. Montrer que $ n$ est à valeurs dans $ \mathbb{Z}$ et vérifie les propriétés suivantes : pour tous $ a$ et $ b$ éléments de $ A$, $ n(ab)=n(a)n(b)$ ; pour tout $ a$ élément de $ A$, $ n(a)=0$ si et seulement si $ a=0$.

  8. Soit $ I$ l'ensemble des $ 3a+(2+v)b$ pour $ a$ et $ b$ éléments de $ A$. Montrer que $ I$ est un idéal de $ A$ contenant $ 3$ et $ 2+v$ et déduire de ce qui précède que cet idéal n'est pas principal.

Exercice 13   On considère l'anneau $ \mathbb{Z}[\sqrt{-5}]$. Vérifier que

$\displaystyle (2+\mathrm{i}\sqrt{-5})(2-\mathrm{i}\sqrt{-5})=3.3=9.$

En déduire que $ \mathbb{Z}[\sqrt{-5}]$ n'est pas principal.


         © UJF Grenoble, 2011                              Mentions légales