Il s'agit d'une méthode pour estimer le nombre de racines réelles
positives d'un polynôme : on compte le nombre de changements de
signe dans la suite des coefficients, en ne tenant pas compte des
coefficients nuls (voir les exemples plus bas). René Descartes
(1596-1650) énonce dans
La Géométrie, traité publié en 1637, que le nombre de
racines positives vaut au plus
. Carl Friedrich Gauss (1777-1855)
montrera
plus tard, en 1828, que si l'on compte les racines avec leur
multiplicité, alors le nombre de racines positives a la même parité
que
, donc que ce nombre vaut
ou
ou
, etc.
Donnons un premier exemple : pour
,
on obtient
(remarquer les coefficients nuls),
donc
possède
ou
racines positives.
Donnons un autre exemple, qui montre qu'on peut même
souvent déterminer le nombre exact de racines
positives et de racines négatives en utilisant la règle des
signes et quelques remarques de bon sens.
Soit le polynôme
.
Puisque
, on sait que
possède exactement
racine positive. Les
racines négatives de
sont les racines positives du polynôme
obtenu en remplaçant
par
dans
, soit
. Pour
, on trouve
donc
possède
racines négatives ou bien aucune.
On remarque ensuite que
(le calcul de
tête est facile en utilisant l'algorithme de Horner), donc
est positif,
et que le monôme de plus haut degré de
est
donc
pour tout
négatif tel que
est suffisamment grand.
Ainsi
possède au moins une racine inférieure à
, ce qui
montre que
possède
racines négatives. Enfin
et
sont de signes contraires donc
possède une racine
entre
et 0. On a localisé les
racines de
, en
montrant que chacun des intervalles
,
et
en contient exactement une.
On peut encore préciser les choses en remarquant que ,
donc
est
négatif, et, grâce à deux derniers petits coups de Horner, que
et
. Donc les racines de
sont en fait dans les
intervalles
,
et
et chacun de
ces intervalles en contient exactement une.