Entouré d'artistes et de savants, il [Bonaparte] en retira un éclat de savoir qui éblouit toujours la multitude. L'Institut, selon l'ancienne coutume de toutes les académies, d'appeler dans leur sein des hommes puissants pour s'en faire un appui, l'élut membre de la section de mécanique à la place de Carnot proscrit, et il tira habilement parti de cette couronne académique dont le faux éclat éblouit ses soldats et sembla l'élever au-dessus de tous les autres généraux, ses rivaux de gloire.
Je me rappelle qu'à cette époque, Bonaparte, entretenant un jour le célèbre Laplace et quelques autres membres de l'Institut d'un nouvel ouvrage, intitulé Geometria del compasso, dont Mascheroni lui avait récemment, fait hommage à Milan, fit, à l'occasion d'une proposition tout à fait élémentaire, une figure sur le tableau avec de la craie pour mieux se faire comprendre, prétendit-il, et que Laplace, soit moquerie comme je le crus alors, soit flagornerie comme je l'ai cru depuis, lui dit «Je ne m'attendais pas, général, à recevoir une leçon de mathématiques de vous». Les aides-de-camp de Bonaparte et ses flatteurs, il n'en manquait pas déjà, répétèrent à l'envi ce qu'ils appelaient l'aveu de Laplace lui-même de la supériorité de Napoléon sur lui en mathématiques, et la foule hébétée le répéta après eux. La vérité est que Bonaparte avait oublié depuis longtemps le peu de mathématiques dont il avait eu besoin pour entrer dans l'artillerie avant la Révolution, et que lorsqu'il fut reçu à l'Institut il n'eût certes pas pu être reçu à l'école polytechnique.À vous de conclure ! En attendant, vous pouvez démontrer vous-même le «théorème de Napoléon», par exemple en utilisant le calcul dans le plan complexe. Le magnifique théorème suivant, en revanche, ne prête pas à polémique. Il a bien été démontré par Frank Morley (1860-1937), en 1899.