Notre but dans ce chapitre est de calculer des intégrales sur des
intervalles non bornés (allant jusqu'à ou ), ou
bien des intégrales sur un domaine borné, de fonctions ayant une
limite infinie en un point de l'intervalle
d'intégration.
Si on se réfère à l'interprétation intuitive d'une
intégrale comme la surface d'un domaine dans le plan,
dans les deux cas nous cherchons
à calculer des surfaces de domaines non bornés.
Considérons par exemple la fonction qui à
associe
: son graphe est
représenté sur la figure 1.
Figure:
Graphe de la fonction
.
|
Comment donner un sens à l'intégrale de sur
?
Nous souhaitons une définition qui respecte les propriétés de
base que sont la
relation de Chasles, la linéarité et la monotonie.
On commence d'abord par identifier les points incertains, soit
d'une part, et d'autre part le ou les points au voisinage
desquels la fonction n'est pas bornée ( dans notre exemple). On
découpe ensuite l'intervalle d'intégration en autant d'intervalles
qui faut pour que chacun d'eux ne contienne qu'un seul point
incertain, placé à l'une des deux bornes. La relation de Chasles
impose que l'intégrale sur l'intervalle complet soit la somme des
intégrales sur les intervalles du découpage. Dans l'exemple de la
fonction
ci-dessus,
il faut découper en 4 sous-intervalles : 2 pour isoler
et , et 2 autres pour le point incertain 0. On
pourra écrire par exemple :
Le seul but est d'isoler les difficultés : les choix de et
comme points de découpage sont arbitraires (par exemple et auraient
convenu tout aussi bien).
Par ce découpage, on se ramène à des intégrales de 4
types.
- intégrale sur
,
- intégrale sur
,
- intégrale sur , fonction non bornée en ,
- intégrale sur , fonction non bornée en ,
Le changement de variable
permet de réduire ces 4 cas à 2 seulement. En effet :
Nous devons donc définir l'intégrale dans deux cas distincts.
Observons que la deuxième définition est cohérente avec les
propriétés de l'intégrale d'une fonction continue :
si la fonction est
continue sur tout entier, alors
est une
fonction de continue en , et (2) est vérifié.
Dans
,
la borne de gauche de l'intervalle d'intégration n'a pas d'influence
sur le comportement de l'intégrale. Supposons continue sur
et choisissons un réel
. Par la relation de Chasles,
Comme
ne dépend pas de , la limite de
existe si et seulement si celle de
existe aussi. La convergence d'une intégrale ne dépend
donc pas du comportement de la fonction sur des intervalles bornés,
mais seulement de son comportement au voisinage de .
Si n'est pas bornée au voisinage de , la convergence de
ne dépend pas de , pour la même raison :
elle ne dépend que du comportement de au voisinage de .
Le résultat suivant est une conséquence immédiate de la
linéarité des intégrales et des limites.
Quand on peut calculer une primitive de la fonction à intégrer,
l'étude de la convergence se ramène à un calcul de limite. Voici
plusieurs exemples.
L'intégrale
converge.
En effet,
et
On pourra écrire :
à condition de se souvenir que
désigne une limite en .
Par contre, l'intégrale
diverge.
En effet,
et
L'intégrale
converge.
En effet,
et
On pourra écrire :
Par contre, l'intégrale
diverge.
En effet,
et
Figure 2:
Différents types d'intégrales :
(a) intervalle non borné, fonction de signe constant ;
(b) intervalle borné, fonction de signe constant ;
(c) intervalle non borné, fonction de signe non constant ;
(d) intervalle borné, fonction de signe non constant.
|
Quand on ne sait pas calculer une primitive, on a
recours à deux types de méthodes, selon que la fonction est ou non
de signe constant au voisinage du point incertain. Il y a donc 4 cas
distincts, selon le type du point incertain, et le signe, constant ou
non, de la fonction à intégrer. Ces 4 types sont schématisés
dans la figure 2 et leur étude fait
l'objet des sections suivantes.
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