Dans toute cette section, désignera un espace affine euclidien de dimension finie (souvent égale à 2 ou 3) de direction . Les points de seront désignés (sauf exception) par des lettres majuscules, les vecteurs de seront toujours notés avec des flèches pour les distinguer des points de . On notera le produit scalaire de deux vecteurs et .
Démonstration : Les propriétés et si et seulement si sont immédiates. L'inégalité triangulaire provient de l'inégalité triangulaire pour la norme euclidienne et de la relation de Chasles . On a égalité dans cette inégalité si et seulement si les vecteurs et sont directement proportionnels, i.e. si et seulement si appartient au segment .
Conformément à un usage solidement établi, on notera systématiquement la distance de deux points et .
Un espace affine euclidien est dit orienté si sa direction est un espace vectoriel euclidien orienté.
Réciproquement si un hyperplan admet l'équation , alors le vecteur est un vecteur normal à .
Démonstration : Pour démontrer la première assertion, il suffit d'écrire qu'un point de appartient à si et seulement si . La seconde vient de ce que deux équations représentent un même hyperplan si et seulement si elles sont proportionnelles.
Dans un plan affine euclidien, deux droites orthogonales sont toujours sécantes. Il n'en va pas de même dans l'espace de dimension 3. Deux droites sont dites perpendiculaires si elles sont orthogonales et sécantes.
Démonstration : Soient et deux droites non parallèles, (resp. ) un point de (resp. ), (resp. ) un vecteur directeur de (resp. ). Si une droite est perpendiculaire à et , tout vecteur directeur de cette droite est orthogonal à et , donc colinéaire à , qui n'est pas nul puisque et ne sont pas colinéaires. La droite est donc incluse dans le plan passant par et de vecteurs directeurs et , puisqu'elle rencontre . De même, est incluse dans le plan passant par et de vecteurs directeurs et . Ces deux plans ne peuvent être parallèles, sinon le système serait lié, puisque ces trois vecteurs appartiendraient à un même plan vectoriel. Leur intersection est donc une droite et ne peut être que cette droite, ce qui prouve l'unicité de la perpendiculaire commune.
Pour montrer l'existence, il suffit de vérifier que l'intersection des deux plans et est perpendiculaire à et : elle leur est orthogonale, puisque en est un vecteur directeur, et elle rencontre , puisqu'elle est coplanaire avec (ces deux droites sont incluses dans ) et non parallèle à ; elle rencontre pour des raisons analogues.
Soient et les pieds de la perpendiculaire commune. Pour tout point de et tout point de , on a d'après la relation de Chasles. Mais les vecteurs et étant orthogonaux, on en déduit , d'où . L'égalité n'est obtenue que pour ; les droites et n'étant pas parallèles, cette égalité implique .
Deux droites parallèles et distinctes de l'espace définissent un plan et admettent une infinité de perpendiculaires communes, toutes parallèles entre elles.
Dans l'espace affine euclidien de dimension 3, une droite et un plan orthogonaux sont toujours sécants (on dit indifféremment que la droite est orthogonale ou perpendiculaire au plan). Deux plans d'un tel espace ne peuvent être orthogonaux : en effet la somme des dimensions de deux sous-espace affines orthogonaux est toujours inférieure ou égale à la dimension de l'espace.
Démonstration : Soient et deux plans de l'espace, et des vecteurs normaux à ces plans. Supposons que contienne une droite orthogonale à . Le vecteur est alors un vecteur directeur de et il est orthogonal à , puisque est incluse dans .
Réciproquement, si et sont orthogonaux, pour tout point de , la droite passant par de vecteur directeur est orthogonale à et incluse dans .
Projection orthogonale, problèmes de distances
Toute projection orthogonale de est une application affine dont la partie linéaire est un endomorphisme symétrique de . La distance entre deux points de est toujours supérieure à la distance entre leurs projetés.
Démonstration : La proposition résulte immédiatement de la relation de Pythagore : pour tout point de , puisque les vecteurs et sont orthogonaux.
Démonstration : Soit le projeté orthogonal de sur . La distance de à est égale à et
Si a comme équation dans un repère orthonormé, le vecteur de composantes est un vecteur normal de . Si de coordonnées est un point de , on a
On obtient ainsi la distance d'un point à une droite dans le plan et la distance d'un point à un plan dans l'espace. La distance d'un point à une droite dans l'espace est donnée par la proposition suivante.
Démonstration : Soit le projeté orthogonal de sur . La distance de à est égale à et
Symétrie orthogonale, réflexion, hyperplan médiateur
On appelle réflexion toute symétrie orthogonale par rapport à un hyperplan.
Une réflexion est donc, dans le plan, une symétrie orthogonale par rapport à une droite et, dans l'espace, une symétrie orthogonale par rapport à un plan.
Les deux ensembles et (resp. et ) sont les deux demi-espaces ouverts (resp. fermés) délimités par cet hyperplan.
Démonstration : La première partie de la proposition résulte de l'égalité
Démonstration : Soit une réflexion d'hyperplan vérifiant (on a alors puisque ). Comme est affine, elle laisse fixe le milieu de , qui appartient donc à . Par ailleurs, est orthogonal à la droite . C'est donc l'hyperplan médiateur de .
Réciproquement, si est l'hyperplan médiateur de , la droite est orthogonale à en et la symétrie orthogonale par rapport à échange les points et .
Projection sur un convexe fermé, séparation de convexes
Ce point est l'unique point de vérifiant pour tout point de .
L'application qui à associe est 1-lipschitzienne : pour tout couple de points de .
On l'appelle projection sur le convexe .
Démonstration : Soit un point de et un point de . L'intersection de et de la boule fermée de centre et de rayon est un convexe compact de et la fonction qui à tout point de associe la distance est continue sur ce compact. Elle y atteint donc son minimum, qui est aussi le minimum de la distance pour dans .
Supposons que ce minimum soit atteint en deux points distincts et de . Le milieu de appartiendrait à , puisque est convexe, et vérifierait
Pour tout point de , le segment est inclus dans , puisque est convexe. On a donc pour tout point de ce segment. Mais appartient au segment si et seulement si il existe un réel tel que . On a donc pour tout , soit encore pour tout . En divisant par et en faisant tendre vers 0, on obtient .
Si un point de vérifie pour tout point de , il vérifie en particulier , soit encore . En ajoutant cette inégalité à l'inégalité , on obtient , d'où .
Soient et deux points de , et leurs projetés sur . On a et d'après la propriété précédente. Il en résulte
Remarque : L'application définie dans cette proposition est une projection au sens où elle vérifie (tout point de est son propre projeté). Dans le cas où est un sous-espace affine de , la projection sur le convexe n'est autre que la projection orthogonale sur définie précédemment. C'est le seul cas où soit affine, puisque l'image de par une application affine est un sous-espace affine et que l'image de est .
Démonstration : Soit le projeté de sur , le milieu du segment et l'hyperplan médiateur de . On a, pour tout point de
Démonstration : Tout convexe fermé est clairement inclus dans l'intersection des demi-espaces ouverts qui le contiennent. Si un point n'appartient pas à , il existe un demi-espace ouvert contenant et pas .
On démontrerait de même, en considérant le couple de points minimisant la distance d'un point de à un point de et l'hyperplan médiateur de , le corollaire suivant :
Remarque : Ces corollaires ne font pas appel à la structure euclidienne de l'espace. Tout espace affine de dimension finie pouvant être muni d'une structure euclidienne, ils sont vrais pour tout espace affine réel.
Sphères
Réciproquement, une équation de cette forme est celle d'une sphère si . Si , cette sphère est réduite à un point. Si , l'ensemble des points la vérifiant est vide.
Démonstration : Soit le centre de la sphère, i.e. le milieu de , et son rayon. Alors
Démonstration : Pour tout point de , on a (relation de Pythagore) puisque les vecteurs et sont orthogonaux, et .
Dans le plan, l'intersection d'une droite et d'un cercle est donc constituée de 2, 1 ou 0 points. Dans l'espace de dimension 3, l'intersection d'une sphère et d'un plan est soit un cercle, soit un point, soit vide.
Démonstration : La distance de à un hyperplan passant par est strictement inférieure au rayon de , sauf si est orthogonal à , auquel cas elle lui est égale.
Les deux propositions suivantes sont énoncées pour un espace affine euclidien de dimension 3, mais elles se généralisent immédiatement en dimension quelconque.
L'intersection de deux sphères de centres respectifs et distincts et de rayons respectifs et est :
Démonstration : On commence par remarquer que l'intersection des deux sphères d'équations et est aussi celle de l'une de ces sphères et de l'hyperplan d'équation orthogonal à la droite .
La proposition suivante découle de la précédente et de l'inégalité triangulaire.
Soient et deux sphères de centres distincts et et de rayons respectifs et et la distance entre leurs centres. La position relative des deux sphères est alors donnée par l'un des cinq cas suivants :