Commençons par rappeler deux résultats fondamentaux que vous
connaissez déjà par cur (si ce n'est pas le cas,
dépêchez-vous de les apprendre).
Théorème 1
- Pour tout
:
|
(1) |
- Pour tout
:
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(2) |
Le premier s'obtient à partir de l'identité :
Le second se déduit de la formule du binôme de Newton et est
démontré dans le chapitre sur les fonctions usuelles.
Il faut voir dans (1) et (2) des résultats
d'approximation : ils permettent d'évaluer de manière
relativement précise la valeur prise par une fonction, en
calculant un polynôme (ce qui est non seulement facile à
la main, mais surtout peu coûteux en temps de calcul).
À ce propos, dans tout le chapitre nous commettons
l'abus de langage consistant à désigner par «polynôme»
ce qui est en fait une fonction polynomiale.
Considérons la formule (1). Notons :
et
La figure 1 montre une représentation graphique de
la fonction et des polynômes pour
allant de 0 à . Plus est grand, meilleure est
l'approximation pour un donné. Dans ce cas particulier, il est
facile de calculer l'erreur commise si on remplace par
.
Cette erreur est donc de l'ordre de . Pour être plus
concret, pensez . Alors
et
.
La différence
vaut
. Pour , on
commet une erreur de l'ordre du millionième en remplaçant
par .
Figure:
Fonction
et ses polynômes de Taylor en
0 jusqu'à l'ordre .
|
L'intérêt est plus flagrant pour l'exponentielle, pour
laquelle il n'existe pas d'autre moyen de calcul que de l'approcher
par des polynômes. Posons :
et
Le tableau ci-dessous donne la différence entre et ,
pour allant de 0 à (voir la figure 2 pour la
représentation graphique de et
).
Figure:
Fonction
et ses polynômes de Taylor en
0 jusqu'à l'ordre .
|
Comment obtient-on les polynômes à partir de ? C'est
très simple : on fait en sorte que leurs dérivées en 0 coïncident avec celles de la fonction jusqu'à l'ordre :
Le polynôme étant de degré , il est entièrement
déterminé par la donnée de ses coefficients :
Vérifiez sur les deux exemples ci-dessus : la dérivée -ième
en 0 de
est , celle de
est .
Ce que nous venons de voir au voisinage de 0, s'étend en
n'importe quel point de la façon suivante.
L'idée est de remplacer une fonction que l'on ne sait pas
calculer (ou difficilement) par un polynôme, qui est facilement
calculable. Mais si n'est pas calculable, alors bien sûr le
reste ne l'est pas non plus. On doit donc chercher des moyens
d'estimer ou de majorer ce reste. Nous les étudierons à la section
suivante. Le moins que l'on puisse demander quand on approche une
fonction par un polynôme de degré , est que
le reste soit négligeable devant .
C'est le sens de la définition suivante.
Nous verrons que toutes les fonctions usuelles admettent un
développement limité pour lequel est le polynôme de
Taylor. Même si on ne les utilise jamais, il existe des fonctions
qui ne vérifient pas les hypothèses de la définition
1 et qui pourtant admettent des développements
limités. Par exemple la fonction définie par :
Elle vérifie évidemment
, elle admet donc des
développements limités en 0 d'ordre , et . Pourtant elle
n'est continue sur aucun intervalle contenant 0.
Nous nous ramènerons toujours à des
développements limités au voisinage de 0, grâce à
l'observation suivante.
Désormais, nous simplifierons les écritures en n'écrivant
plus que des développements limités en 0.
Un développement limité, s'il existe, est
unique au sens suivant.
Démonstration : Le polynôme est de degré au plus , et il est
négligeable devant au voisinage de 0. Ce n'est possible
que s'il est nul.
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