Nous reprenons dans ce chapitre, de manière plus détaillée, la
théorie des espaces vectoriels de dimension finie. Dans la mesure
où il ne sera question que de vecteurs, abandonner
les flèches au-dessus de leurs écritures ne devrait pas
introduire de confusion.
Un espace vectoriel est un ensemble sur lequel sont définies
- une addition interne (on peut ajouter entre eux deux éléments de
l'ensemble) ;
- une multiplication externe (on peut multiplier un élément de
l'ensemble par un nombre réel).
Ces deux opérations doivent vérifier certaines
propriétés de compatibilité
qui sont listées dans la définition 1.
Définition 1
On dit que est un espace vectoriel sur
si est muni d'une
addition et d'une multiplication externe vérifiant les
propriétés suivantes.
- Addition :
- Associativité :
- Elément neutre :
- Opposé :
- Commutativité :
Ces propriétés font de un groupe commutatif.
- Multiplication externe :
- 5.
- Associativité :
- 6.
- Elément neutre :
- 7.
- Distributivité (1) :
- 8.
- Distributivité (2) :
La proposition suivante nous autorisera à noter 0 l'élément
neutre pour l'addition (nous l'appellerons «vecteur nul»)
et l'opposé de .
Proposition 1
Soit un espace vectoriel.
- Le produit par le réel 0 d'un vecteur quelconque est
l'élément neutre pour l'addition :
- Le produit par le réel d'un vecteur quelconque est
son opposé pour l'addition :
Démonstration : Notons (provisoirement) l'opposé de pour l'addition : .
En utilisant les propriétés de la définition 1 :
Ceci démontre le premier point. Pour le second, il suffit
d'écrire
L'exemple fondamental est l'ensemble des
-uplets de réels :
L'ensemble des -uplets de réels (couples pour ,
triplets pour , ...), est muni de l'addition et
de la multiplication par un réel, coordonnée par coordonnée.
- Addition :
- Multiplication externe :
Le singleton contenant seulement le vecteur nul est un espace
vectoriel particulier.
L'associativité de l'addition permet d'écrire (sans parenthèses)
des combinaisons linéaires de vecteurs.
Il est inutile de s'inquiéter de la quantité de
propriétés à vérifier dans la définition
1. Dans tous les exemples que l'on rencontrera,
les opérations sont parfaitement naturelles et leurs propriétés
évidentes. On ne vérifie d'ailleurs jamais les
propriétés de la définition 1. La raison pour
laquelle c'est inutile est que tous les espaces vectoriels que l'on
utilise sont des sous-espaces d'un espace vectoriel,
c'est-à-dire qu'ils sont des sous-ensembles, sur lesquels on
applique localement les opérations de l'espace entier.
Définition 3
Soit un espace vectoriel et un sous-ensemble non vide de
. On dit que est un sous-espace vectoriel de s'il est
un espace vectoriel pour l'addition et la multiplication externe de .
Observons que tout sous-espace vectoriel de contient au moins le
vecteur nul.
La notion prend tout son intérêt grâce au théorème
suivant.
Démonstration : Parmi les 8 propriétés de la définition 1, celles
qui ne font intervenir que le
quantificateur (associativités, commutativité,
distributivités), puisqu'elles sont vraies dans , restent vraies
dans à cause de (1).
Il suffit donc de vérifier les propriétés impliquant
une existence (élément neutre et opposé). Nous devons
démontrer que contient le vecteur nul, ainsi que l'opposé de
tout vecteur de . D'après le premier point de la
proposition 1, le vecteur nul
s'écrit pour tout vecteur de , donc pour tout vecteur
de . Comme est non vide, le vecteur nul est donc dans .
De même si est un vecteur de ,
alors son opposé, qui s'écrit d'après le second point
de la proposition 1, est aussi dans .
Démonstration : Rappelons que est un sous-espace vectoriel de si et seulement si il
vérifie (1). L'équivalence entre (1)
et 2 est un exercice facile, laissé au lecteur. L'implication
3
2 est évidente. Nous allons
démontrer la réciproque 2
3, par
récurrence sur .
Notons l'hypothèse de récurrence :
Le point 2 est , et il implique (cas
particulier ). Supposons que soit vrai. Soient
vecteurs de et
réels. Ecrivons
avec
Le vecteur appartient à , par . La combinaison
linéaire
appartient à d'après , d'où
le résultat.
Comme conséquence directe des théorèmes 1 ou bien
2, on vérifie facilement le résultat suivant.
Proposition 2
L'intersection de deux sous-espaces vectoriels est un sous-espace
vectoriel.
La réunion de deux sous-espaces vectoriels n'est pas un
espace vectoriel en général (pensez à deux droites distinctes).
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