Nous commençons par les sommes.
L'écriture
se lit «
somme pour allant de zéro à cinq de deux
puissance ». C'est une
notation abrégée pour :
La lettre est l'indice de sommation.
On la remplace
successivement par toutes les valeurs entières comprises entre les
deux bornes, qui sont 0 et dans notre exemple. La
première borne, celle qui est écrite au-dessous du signe somme,
sera toujours inférieure ou égale à celle qui est au-dessus.
Les bornes peuvent elles-mêmes être des variables, mais elles sont
nécessairement différentes de l'indice de sommation. Par exemple,
pour tout entier naturel :
désigne la somme
Rappelons que, par convention, pour tout
nombre réel .
Prenez l'habitude d'écrire les sommes sous forme développée
quitte à introduire des points de suspension entre les premiers
termes et les derniers.
Voici quelques exemples d'égalités illustrant la
manipulation des indices et des bornes. Nous donnons sous chaque
exemple une écriture sous forme développée.
L'indice de sommation peut être remplacé par n'importe
quel autre : on dit que c'est une variable muette.
Observez que la borne peut être une des variables de la
quantité à sommer.
Dans cet exemple la quantité à sommer ne dépend pas de
l'indice de sommation : celle-ci a pour seul
effet de compter les termes. Attention, pour
, il y a
termes dans la somme de à .
Une double somme est une somme de sommes, et on peut toujours
intervertir les deux.
Voici un enchaînement d'égalités, montrant que la
somme des puissances de de
jusqu'à vaut
(c'est un cas particulier d'une formule à connaître que nous
verrons plus loin). Pour chaque ligne de calcul, nous donnons à
droite l'écriture sous forme développée. On rappelle que .
Ce que nous venons de voir pour les sommes s'applique aussi aux
produits. Le produit des entiers de à
intervient dans de nombreuses formules. C'est la
factorielle de . Elle se note «».
Il est souvent utile d'étendre la définition de la factorielle en
convenant que . Voici les premières valeurs.
Si est un entier positif,
un -uplet désigne une liste ordonnée de objets.
On appelle permutation des nombres de à
un -uplet d'entiers
dans lequel chaque
entier entre et apparaît une et une seule fois.
Par exemple
est une
permutation des nombres de à .
Théorème 1
Le nombre de permutations des nombres de à est .
Démonstration : On montre le théorème par récurrence sur .
Si , la seule permutation des entiers de à est .
On suppose donc que le résultat est vrai pour l'entier .
Montrons-le pour l'entier . Soit un entier tel que
et comptons le nombre de permutations
telles que . À une telle permutation, associons
le -uplet :
C'est une permutation des nombres de à .
Inversement étant donnée une permutation
des entiers de à , alors
est une permutation des entiers de à
dont le -ième terme est .
En appliquant l'hypothèse de récurrence, on obtient que
. Donc le nombre total de permutations des nombres de à
est :
ce qui montre le résultat pour .
Pour ordonner objets, il faut associer à chacun un
nombre entre et de sorte que chaque
nombre renvoie à un objet et un
seul. Il y a autant de manières de le faire que de permutations des
premiers entiers : . Au tiercé, il y a manières
d'ordonner les 5 premiers chevaux. Une seule donne l'ordre
d'arrivée, soit le quinté dans l'ordre,
et il y a quintés dans le désordre.
Le nombre de combinaisons de objets parmi est le nombre
de manières de choisir objets parmi , sans distinguer leur ordre.
|
(1) |
La notation
que nous utilisons ici, de préférence à l'ancienne
notation , est conforme aux programmes en vigueur et à
l'usage international. Nous conseillons de la lire «de choisir ».
La formule (1) correspond au raisonnement suivant. Pour choisir
objets, on peut se donner une permutation des objets, et
décider d'en retenir les premiers. Parmi les permutations,
toutes celles qui auront en commun leurs premiers nombres
conduiront au même choix. Il faut donc diviser par le nombre de
permutations des objets choisis, et par le nombre de permutations
des objets qui ne l'ont pas été.
Observez que (1) ne change pas si on remplace
par .
Choisir objets parmi (ceux que l'on garde) revient à en
choisir (ceux que l'on laisse).
Voici une autre expression de
.
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(2) |
Notez qu'il y a facteurs au numérateur, comme au dénominateur.
On obtient cette formule en simplifiant le quotient dans
(1).
On peut aussi raisonner comme suit. Il y a
façons de choisir le premier objet, puis de choisir le
second (puisqu'un objet a déjà été choisi), etc. Pour
choisir le -ième objet, il reste
possibilités. Ceci
correspond au numérateur de (2). Cette manière de
procéder retourne une liste ordonnée. Il faut donc diviser par le
nombre d'ordres possibles des objets choisis, qui est .
Observez les relations suivantes, faciles à déduire de
(1) ou (2) et de la définition de la factorielle.
Pour calculer
en pratique, on n'utilise ni (1)
ni (2). Le calcul récursif par la formule du
triangle de Pascal (connue des indiens, des chinois et des
arabes bien avant Pascal)
est beaucoup plus rapide.
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(3) |
Nous conseillons au lecteur de démontrer cette formule à partir des
expressions (1) et (2). Voici la justification
combinatoire. Supposons que parmi les objets dont doivent
être choisis, l'un d'entre eux soit distingué (disons qu'il est
rouge). Parmi les choix possibles de objets, certains ne contiennent
pas l'objet rouge, d'autres le contiennent. Les premiers
sont au nombre de
, car les objets sont choisis
parmi les différents de l'objet rouge. Les choix contenant
l'objet rouge sont au nombre de
car l'objet rouge
ayant été retenu, il reste objets à choisir parmi les
autres.
Voici, disposées en triangle, les valeurs de
pour
allant de 0 à .
Chaque valeur est la somme de celle qui est
au-dessus, et de celle qui est à gauche de celle qui est
au-dessus. S'il n'est pas indispensable de connaître ce tableau
par cur, il est souvent utile de savoir le réécrire rapidement.
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