CR:
La neige se faisant rare dans nos contrées, on s'oriente donc vers la Maurienne qui a bien reçu la dernière semaine (Accès à Valfréjus fermé, 70cm en Bas, 4m en haut...) Bon, c'est un peu toujours comme ça, on ne peut pas faire confiance: les 70cms de peufs n'y sont pas mais les 70cms de caillasses, si !
Il faut monter au dessus de 1800m pour avoir quelque chose mais bon, la route du Lavoir étant barrée par un camion forestier, on abandonne vite l'idée d'un départ du Lavoir, pour prendre les remontées mécaniques jusque vers 2730m en s'allegant de quelques 15 euros et en partant avec bien 20 minutes de retard (on etait pas les seuls à avoir eu cette idée)..
Sur le télésiege, j'ai bien eu du mal à retenir le Manu piafant d'impatience d'en découdre avec la poudre...mais vu l'affluence, je ne voulais pas perdre trop de temps avant d'aller tater la vraie poudre du Petit Bagna vierge de toute trace...
On suit donc la foule au Grand Argentier (3042) meme si c'est à la Punta Nera (3044) qu'on voulait aller, mais les jeunes quand ca part devant, ca suit et ca reflechit plus.
Une fois en haut, il a encore fallu retenir le Manu (qui voulait descendre par la face N en poudre excellente) par le col back et lui vendre une face sud croutée (pour les mauvais skieurs)
Arrivée dans la combe du Petit Bagna, JPC montre le chemin et puis, enfin, Manu retrouve le sourire et nous trace, tout de go, le couloir jusqu'au haut. Il etait temps, les poursuivants arrivent !
Il les enrhume un peu à la descente par 2,3 courbes bien appuyées pour nous entrainer au Col du Petit Argentier où sa belle face nord (presque vierge: 1 trace), nous tend les bras.
C'est ur les rotules qu'on rejoint enfin les pistes de la station (qui va sans dire fermée) au coucher du soleil. Et dire qu'il voulait se finir par quelques descentes mécanisées !
Au lieu de ca, c'est en godillot qu'on dévale les 200 derniers mètres deneigées de la piste bleue où les canons à neige font pale figure devant la tache qui les attend pour enneiger la piste bien verte....
Une bien belle rando bien sympathique qui fait encore saliver le Manu ....
JPC version:
Aller manger de la poudre au Bagna quand on est au pays du poulet aux morilles relevait de la pure provocation. Ce qui n'a pas fait reculer les esprits retors de SDX et de M a n u (les noms ont été changés). D'autant plus retors qu'ils avaient signé (voir les contrats du vendredi soir) une D+1200m maximum mais en croisant les doigts dans leur dos : sur le papier, c'est départ du petit hameau du Lavoir, montée et descente(D+1240m) ; sur le terrain, ce fut en réalité l'étape alpestre du Tour de France avec départ en station, 5 cols à passer et D+1500m ... Soit disant qu'un camion bloquait la route pour charger du bois...
Bon, on ne leur en veut pas, la neige était bonne et le reste à l'avenant. Vu la foule aux caisses des remontées mécaniques (quasiment que du matériel de rando, hein !, qu'on se le dise aussi du côté de Chamrousse...), on s'est dit que nous n'aurions qu'à prendre les traces et profiter des aspirations. En fait, une quinzaine de personnes seulement sur la première montée à la Punta Nera (un peu pauvre en oxygène pour un début de saison), puis dispersion générale. Nous filons discrètement à l'anglaise, pour nous introduire dans le SAP et signer un hold-up sans bavure : même pas de sluff dans une poudre d'enfer. C'était moins juste, un grupetto sympathique mais néanmoins déterminé nous rattrapait, profitant de notre trace. Redescendu dans le vallon, M a n u (toute ressemblance avec El-Manu serait purement fortuite) nous assure qu'il vaut mieux remonter en haut de la station plutôt que descendre au lavoir... Une piqûre d'EPO (Eau - Pain - chOcolat) et cela repart... plus lentement : 200m de trace dans une neige bien ramollie entament bien mes réserves, puis M a n u finit le boulot jusqu'au col de l'Agrenier. Le peloton s'étire un peu, et ne peut constater que l'absence de voiture-balai (en face, les remontées mécaniques se sont arrêtées de redescendre). Descente dans une poudre parfaite, sauf la visibilité faiblissante. Dernière remontée dans la nebbia et le vent, on fait moins les malins, mais le coucher de soleil au sommet est splendide. D'un seul coup, l'horizon nous lève le nez du guidon, des aiguilles effilées accrochent la lumière à l'est du Thabor : magie du soir et d'une longue bambée...
Ne reste plus qu'à descendre la bleue (on a acheté un forfait, quand même) jusqu'à 200m de la station. C'est pas pire, cela sent bon les résineux, et les canons à neige grondent mais restent impuissants à cracher le moindre flocon sur l'herbe : dérisoires...
