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Aiguille du Fruit - Casse toi, pauv' con.

Itinéraire: Casse toi, pauv' con.

Lundi 1 Avril 2013

Region: Vanoise

Orientation: Nord-Ouest

Difficulté: 4.2

Dénivelé: 1400m

Durée: 8h

Participant(s): Yougs, Clapierre, Steph

Description:

Accès:

Grenoble->Moutiers->Meribel-Mottaret

Montée:

De Méribel, remonter le plan de la Tueda puis suivre la piste qui mène au refuge de la Tieda.

Suivre alors le GR qui contourne le raide ruisseau.

Via une petite descente, rejoindre le pied de la face NO de l'aiguille du Fruit et remonter le 1er couloir au pied d'une pyramide. La combe d'à côté mène au couloir ouest.

Vers 2800m, soit prendre rive droite, soit rive gauche. La branche de droite est un poil plus raide, plus expo et plaques plus probable...



Descente:

Idem dans l'autres sens.



Iti GPS



Aiguille du Fruit

CR:

Ce lundi de Pâques, je suis disponible pour le ski, il fait beau, il fait froid, il a neigé, il y a eu un peu de vent..c’est piégeux mais je veux profiter de cette neige. Comme je consulte le BRA quasiment tous les jours, dans le nord, le risque n’a jamais dépassé 3 même au plus fort des chutes, contrairement au sud où il est passé à 4 l’avant-veille. En Vanoise, le risque est même à 2 évoluant à 3 à la faveur du réchauffement avec des plaques possibles en large versant Nord. Je cherche un couloir (je n’aime pas les larges pentes) encaissé, abrité, en NO de préférence pour éviter l’action du soleil et ne pas partir à la nuit non plus. J’hésite entre Roche Nue (long plat qui m’a un peu rébuté - 40/200m ) ou l’aiguille du Fruit (à faire en poudreuse car vite ravagé 40/500m – plus rapide aussi). Ce dernier l’emporte. Après discussion avec les potes, on part pour celui là.

Au pied du couloir, aucune alarme, c’est même un peu crouté sans plus en surface, normal, ca a pris le soleil..on ne s’enfonce pas trop mais un peu quand meme… un surfeur descend du col du fruit en y laissant de belles traces. La remontée du couloir se fait en peaux. Le bas est partagé en 2 : une large rive droite a purgé récemment, ca monte bien. On évite une petite zone avec de bonne accumulation en rive gauche, j’en profite pour tester quand meme un peu, c’est dense, profond mais ca ne fissure pas, ca ne bouge pas, on se la réservera pour la descente..au niveau d’un bombé ca s’élargit, plus de zone d’accumulation, tout à l’air homogène, une belle poudre sans cohésion, qui semble s’être posé sans vent. J’ai toujours un peu d’appréhension dans la poudreuse car on ne sait pas ce qu’il y a en dessous mais le peu de cohésion me rassure.. On rigole avec Philippe de cette poudre 5*..la langue pendante de bonheur. On monte en peaux, on ne veut pas brasser à pied. On arrive à la bifurcation a 2800m, ça a l’air bien poudreux en rive gauche, plus à l’ombre, plus encaissé, un peu plus raide aussi, il faudra déchausser. On préfère la remontée en peaux, on prend donc rive droite, plus large et moins raide, déjà il y a moins de neige. 20/30cms sur fond dur on sent que ca a pris le soleil. Ca a dû déjà transformer. La neige en surface ne bronche pas d’un poil, tout est au vert.

Sommet. Le soleil tape, je suis vite prêt, si on veut remonter en rive gauche, faut pas trainer quand meme avant que le soleil ne fasse des ravages. Les virages sont exceptionnelles, quasiment les meilleurs de la saison. Je fais un énorme effort de volonté pour m’arrêter qu’au bout de 10 virages pour remonter cette rive gauche qui me faisait tant envie. C’est parti skis sur le sac, sans crampons aux pieds, ni piolet. Je m’enfonce bien, plus que son voisin me semble t-il mais là, on est à pied, donc on on ne peut pas trop comparer, je ne sens pas de fond dur. La branche vire à droite, un léger bombé. Ca se remonte bien sur une petite coulée qui a densifié la neige et qui permet une progression pas trop difficile. Il reste 50m, ca semble large, lisse comme une peau de bébé, plus de coulées, plus rien. Là, c’est une autre paire de manche pour remonter cette pente. Je cherche une zone portante, j’ai donc un peu labouré transversalement le manteau sans résultat . Meme si on y arrive, on va mettre des heures, je decide d’attendre Philippe et de stopper là, dans au plus, 5 minutes il sera là. J’ai bougé, ca se gondole, c'est la plaque. J'ai du casser une couche fragile profonde. (En fait, d'après Philippe, il semblerait qu'il a guenillé pour trouver une zone de neige dure , c'est quand il a fini de prendre appui sur cette plaque, qu' il a dû y a voir une surcharge supplémentaire et c'est parti). Il ne reste qu'une chose à faire, tirer la poignée de l'airbag. Je nage, m'envole et atterri 2 fois sur les boudins qui amortissent bien le choc. Le premier saut fut incroyablement long (bizarre, il n'y avait pas de ressauts a la montée), je déboule entre 120km/h et 200km/h au minimum (mesure GPS), arrête de nager ça ne sert a rien que je me dis, tente de mettre les mains devant le nez et la bouche..c'est chose faite en y laissant les gants...Enfin ca s'arrête, je vois le jour..non pas encore, je re-glisse et je m'immobilise.

Je ne vois pas les potes, l'arva est en position recherche, 1 signal 40m..j'y vais, je vois Philippe en surface, c'est lui que je détecte...pas d'Hugues je crie a Philippe d'arrêter son arva..pas de réponse, tant pis, je remonte l'avalanche, quelqu' un descend en chasse-neige dans la coulée, qu'est ce qu'il fout celui là, qu'il sorte son arva et qu'il cherche le 3eme...quand j'arrive péniblement a remonter 10m, je m'aperçois que c'est Hugues..ouf, on est tous sauf. Philippe n'a pas l'air bien. « Steph,t'as ta pelle ? » me demande Hugues, »ben oui bien sûr ». Ben non, je n'ai plus rien, tout a été arraché, reste que l'ABS avec sa base, rien d'autre. Les secours arrivent, ils prennent tout en charge, le stress retombe, Philippe fait de l'humour : une dose de cheval de morphine est un minimum pour un véto. On est transporté a l'hosto de Moutiers. Une vertèbre à recoller (à un cheveau de la paraplégie), des côtes cassées pour Philippe, une entorse du genou pour moi. Hugues l'a échappé belle, trop fatigué, il s'était mis a l'abri pour nous prendre en photos..sage précaution.

J'ai compris le message, la montagne ne me veut plus. De toute façon, je ne trouverai pas de skieur qui ira plus vite que moi à la descente...sans les skis...sauf peut-etre Philippe et encore même pas sûr, vu que je suis parti de plus haut !

d'autres impressions ici

là...

Films

./Films/1935/tontonsriders.wmv Film 1
./Films/1935/fruit.wmv Film 2